Le 4 février, Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos.
Au sommaire
- La Corse réclame plus d’autonomie. Jusqu’où peut aller Emmanuel Macron ?
- Justice, prisons, maison de retraite… Pourquoi le gouvernement essuie-t-il la grogne ?
- Face à un début de croissance, faut-il desserrer l’étau des économies ?
- En politique, la demande "d’exemplarité" peut-elle être à géométrie variable ?
"Il y a une liberté de manifester qui est garantie par la Constitution française, et elle a été exercée hier à Ajaccio". C’est avec pragmatisme que Benjamin Griveaux, secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement, réagit ce dimanche 4 février au rassemblement de la veille en Corse. Une manifestation à l’initiative de Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, les deux leaders nationalistes. L’homme politique "rappelle qu’il y a une collectivité territoriale unique en Corse, et [qu’]il y a eu des élections remportées par la liste conduite par monsieur Simeoni et monsieur Talamoni […], le dialogue a commencé il y a un mois."
Trouver "enfin des solutions sur le développement économique"
Benjamin Griveaux identifie-t-il cette manifestation comme un avertissement ? "Ce n’est pas une question d’avertissement. Un, chacun est libre de manifester. Ce sur quoi il faut se concentrer, c’est sur l’avenir de l’île. Sur comment est-ce que demain on va régler les sujets d’emploi de la jeunesse en Corse, d’habitat, de logement, de santé. C’est ça le sujet."
Il poursuit : "Ce que je souhaite, moi, c’est que l’avenir de l’île puisse être garanti et qu’on trouve enfin des solutions sur le développement économique, sur les transports, sur la santé. C’est cela dont ont besoin les habitants de Corse et c’est ce à quoi nous travaillons avec le nouvel exécutif de Corse depuis déjà de nombreuses semaines."
Corse: Castaner désavoue le soutien d'élus LREM aux revendications nationalistes Ajoute Griveaux
Paris, 4 fév 2018 (AFP) -
Le dirigeant de La République en Marche (LREM), Christophe Castaner, a désavoué dimanche le soutien des élus locaux du mouvement présidentiel à une résolution nationaliste en Corse, en affirmant qu'ils n'avaient "pas voté une position de LREM". Les six élus macronistes corses ont voté dans la nuit de vendredi à samedi à l'Assemblée de Corse une résolution solennelle, déposée par les dirigeants nationalistes reprenant leurs principales demandes, qui sera remise mardi à Emmanuel Macron lors de sa venue dans l'île.
"Le seul positionnement politique de La République en Marche n'est pas celui de la motion qui est adoptée, je vous le dis, il est celui du discours du président de la République qu'il a tenu à Furiani pendant la campagne", a affirmé le délégué général de LREM lors du "Grand Jury" LCI-RTL-Le Figaro.
"Ils n'ont pas voté une position qui est celle de la République en Marche", a insisté. Pour M. Castaner, il ne s'agit toutefois pas d'un "rappel à l'ordre", car les six élus macronistes de l'Assemblée de Corse sont "libres".
"Ils ne se sont pas trompés, ils sont libres. Vous savez le mandat impératif n'existe pas dans notre pays", a souligné celui qui est aussi secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
"Je ne suis pas là pour rappeler à l'ordre (...) Ce que je dis c'est qu'elle (la position) n'est pas conforme au discours du président de la République (...) tenu à Furiani, qui est celui de reconnaître une très grande particularité, une très grande spécificité à la Corse", a-t-il dit.
Emmanuel Macron effectue mardi et mercredi l'un des déplacements les plus sensibles depuis son entrée à l'Elysée en se rendant en Corse, où il est très attendu sur sa vision de l'avenir de l'île, 72 heures après une manifestation à l'appel des dirigeants nationalistes. Le premier article de la résolution de l'Assemblée de Corse appelle Emmanuel Macron à ouvrir "un dialogue sans préalable ni tabou entre l'Etat et la Corse". Le second demande que "la Corse fasse l'objet d'une mention spécifique dans la Constitution".
Le troisième réclame le "rapprochement de tous les prisonniers condamnés pour des actes en relation avec la situation politique de la Corse" et qu'une "mesure d'amnistie intervienne au terme du règlement définitif de la question corse ".
Interrogé sur la manifestation de samedi, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a déclaré sur France 3 que "chacun est libre de manifester", "ce sur quoi il faut se concentrer, c'est sur l'avenir de l'île" pour qu'"on trouve enfin des solutions sur le développement économique, les transports, la santé", "l'emploi de la jeunesse", "le logement".
"Le dialogue a commencé il y a plusieurs semaines avec le nouvel exécutif" corse, a souligné M. Griveaux, rappelant plusieurs lignes rouges du gouvernement. Ainsi, il a jugé qu'"un statut (fiscal) pour les résidents en Corse" est "une réponse (...) pas satisfaisante. La question est comment on fait mieux de logements et un logement accessible pour les Corses". Et "la langue de la République, c'est le français", même si "les langues régionales sont la richesse de la Nation". Sur les prisonniers, "ce sera examiné au cas par cas", a-t-il réaffirmé.
Quid de l'absence de Jean-Guy Talamoni aux cérémonies d'hommage au préfet Erignac ? "C'est sa décision", a dit le porte-parole, avant de juger "important que la République puisse rendre hommage à ce préfet assassiné d'une balle dans le dos".
Fonctionnaires: "l'ensemble des sujets pourra être discuté", assure Griveaux
Paris, 4 fév 2018 (AFP) - "L'ensemble des sujets pourra être discuté" entre les syndicats de fonctionnaires et un gouvernement "pas élu pour rester les bras croisés", a déclaré dimanche le porte-parole Benjamin Griveaux, Christophe Castaner plaidant pour "tout mettre sur la table", emploi à vie compris. "Il y aura jusqu'à début 2019 une discussion avec les partenaires sociaux et l'ensemble des sujets pourra être discuté, mais il est important de permettre à nos fonctionnaires une meilleure mobilité professionnelle" et "un meilleur service public", a déclaré M. Griveaux dans "Dimanche en politique" sur France 3. Face aux critiques syndicales après l'annonce de pistes de réforme, dont un plan
de départs volontaires et le recours à davantage de contractuels, le porte-parole a fait valoir qu'"on n'a pas été élus pour rester les bras croisés (...) On ne craint pas que, pour transformer le pays, il faille bousculer les habitudes.
Cela va se faire en discutant, de la même manière que le pays a été transformé depuis six mois", comme avec les ordonnances. "Les syndicats défendent légitimement les intérêts de ceux qu'ils représentent, et nous, l'intérêt général et ce pour quoi on a été élus", a-t-il aussi défendu.
Le gouvernement a posé un "cadre de discussion" avec les syndicats de fonctionnaires mais "rien n'est décidé", a assuré de son côté le patron de La République en Marche au "Grand Jury" LCI-Le Figaro-RTL. "Vous savez très bien que si on disait venez les amis, on va discuter, on va discuter longtemps. Je pense que c'est bien d'avoir un cadre de discussion", a-t-il poursuivi, face aux critiques des syndicats, notamment de la CFDT, sur la méthode gouvernementale.
Les pistes de réforme pour la fonction publique, qui viennent s'ajouter à l'objectif présidentiel de 120.000 départs non remplacés d'ici 2022 ont suscité de vives réactions de la gauche et des syndicats.
Pour Christophe Castaner, interrogé sur la question du statut et de l'emploi à vie dont bénéficient actuellement les fonctionnaires, "il faut tout mettre sur la table dans la discussion". Quant aux 120.000 suppressions de postes, "il n'y a ni plafond, ni plancher. L'objectif, c'est d'apporter le bon service et de dépenser moins d'argent public".
Benjamin Griveaux revient également sur les différents sujets d’actualité qui ont marqué la semaine, notamment la crise des Ehpad, la question des départs volontaires de fonctionnaires et le scandale Lactalis.
Lactalis: "deux mois pour s'excuser, c'est long" (Griveaux)
Paris, 4 fév 2018 (AFP) - Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a jugé dimanche que "deux mois pour s'excuser, c'est long" en réaction aux excuses du PDG du groupe Lactalis sur la crise du lait infantile, pour laquelle il a espéré des "sanctions exemplaires" du producteur et des distributeurs.
"Deux mois pour s'excuser, c'est long", a lâché M. Griveaux dans "Dimanche en politique" sur France 3. Le PDG de Lactalis Emmanuel Besnier a présenté vendredi des excuses publiques auprès des consommateurs et des familles de victimes, via une lettre ouverte sur le site de l'entreprise, deux mois après le début de la crise du lait infantile contaminé aux salmonelles.
Comme on lui demandait si le PDG devrait être poursuivi en justice, le porte-parole a répondu: "Ce n'est certainement pas à moi de le dire (...) Il y a une enquête qui est en cours. J'espère qu'elle déterminera les responsabilités précises de chacun, le producteur Lactalis et aussi des distributeurs, et que les sanctions qui seront prises seront exemplaires". Vous comprendriez qu'il y ait un procès ? "Cela ne me choquerait pas", a aussi glissé M. Griveaux.
Le parquet de Paris mène une enquête préliminaire depuis fin décembre, pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui", des délits relevant du tribunal correctionnel. Des perquisitions ont été menées mi-janvier sur cinq sites du groupe, dont le siège social de Laval et l'usine de Craon. Interrogé sur l'absence dans le projet de loi Travert de dispositions sur des sanctions accrues des entreprises comme Lactalis ne publiant pas leurs comptes, le porte-parole du gouvernement a déclaré qu'"il va y avoir des discussions au Parlement" et un amendement en ce sens sera "peut-être réintroduit par les parlementaires".
L'Assemblée n'a pas adopté le 25 janvier un amendement du MoDem Richard Ramos cosigné par plusieurs groupes pour sanctionner plus sévèrement les groupes agro-alimentaires, comme le géant du lait, qui ne publient pas leurs comptes annuels, la majorité renvoyant le débat au prochain projet de loi sur l'agriculture. Par ailleurs, à l'initiative des députés socialistes, une commission d'enquête parlementaire va se pencher sur l'affaire Lactalis, pour "tirer au clair tous les dysfonctionnements au niveau de l'entreprise elle-même, de la grande distribution, de la surveillance administrative et de la communication du gouvernement", selon Olivier Faure.
A la fin du magazine, l'invité (e-s) politique expose son avis sur "un bruit qui court..." : Jeff Koons, le bouquet de tulipes.
Où ce monument a t-il sa place ?
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