DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°137 : CHRISTOPHE CASTANER
Le 26 janvier 2020, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier avec à ses côtés Sophie de Ravinel, journaliste politique au Figaro.
Au sommaire
- Y a-t-il un divorce entre les Français et leur police ? L’avis d’un panel de Français sur la question…
- Faut-il revoir la doctrine de maintien de l’ordre après les violences de ces derniers mois ?
- Pourquoi la circulaire Castaner est-elle remise en cause par l’opposition unanime ?
- Les élections municipales seront-elles un marqueur pour la majorité présidentielle ?
C'est l'invité du "Dimanche en politique". Le 26 janvier, Francis Letellier reçoit le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Alors que le coronavirus a déjà fait 56 morts en Chine, trois cas ont été identifiés en France.
Face à l'épidémie, les contrôles ont été renforcés dans les aéroports. "L'ensemble des vols [en provenance de Chine] sont localisés dans un terminal spécifique. Il y a une mobilisation importante de personnels de la sécurité civile, de médecins, qui font une analyse de situation et qui peuvent, s'ils ont un doute, lever le doute", décrit le ministre de l'Intérieur. Il précise que les trois personnes infectées en France sont en bonne santé dimanche 26 janvier.
Une parole antisémite qui "s'est libérée"
Selon le rapport du ministère de l’Intérieur, en 2018, le nombre de faits à caractère antisémite en France a augmenté de 74%. Quelle sera la tendance pour 2019 ? Christophe Castaner précise qu'il faut distinguer les actes violents, les insultes et les menaces. L’augmentation concerne des tags, par exemple. "C'est cette deuxième catégorie d'une parole qui s'est libérée, qui au fond considère que dire quelque chose d'antisémite ne serait pas très grave", conclut le ministre.
Maintien de l'ordre: Castaner annonce le retrait "immédiat" d'une grenade controversée
Paris, 26 janvier 2020 -AFP-
Christophe Castaner a annoncé dimanche le retrait "immédiat" d'une grenade lacrymogène controversée, la GLI-F4, régulièrement accusée de provoquer de graves blessures chez des manifestants.
"Elles n'ont pas une couleur, elles n'ont pas un signalement spécifique et il est arrivé, il y a plusieurs mois, que des policiers soient obligés de les utiliser pour se désengager d'une menace et que des manifestants les prenant volontairement en main se blessent gravement. C'est la raison pour laquelle je pense qu'il nous faut retirer les GLI-F4", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur France 3.
En annonçant le retrait très symbolique de la grenade GLI-F4, une arme intermédiaire régulièrement accusée de causer des mutilations, Christophe Castaner fait un nouveau geste pour répondre aux critiques sur le maintien de l'ordre, mais un syndicat policier déplore un "coup de com".
"Elles n'ont pas une couleur, elles n'ont pas un signalement spécifique et il est arrivé, il y a plusieurs mois, que des policiers soient obligés de les utiliser pour se désengager d'une menace et que des manifestants les prenant volontairement en main se blessent gravement. C'est la raison pour laquelle je pense qu'il nous faut retirer les GLI-F4", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur France 3.
Cette annonce surprise quoique symbolique anticipe les conclusions du futur schéma national du maintien de l'ordre qui sont attendues dans les prochaines semaines, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur.
"Cette décision n'a pas été prise du jour au lendemain. Elle s'inscrit dans le schéma national, un travail qui a duré plus de huit mois, avec des experts. Nous avons écouté aussi les associations", assure cette même source.
Régulièrement décriée par des manifestants et contestée - sans succès - jusque devant le Conseil d'Etat, pour sa dangerosité, cette petite grenade (17,8 cm de hauteur, 5,6 cm de diamètre, 190 g) a un triple effet lacrymogène, sonore (forte détonation) et de souffle.
Ces dernières années, plusieurs personnes ont eu la main arrachée lorsqu'ils ont voulu s'emparer de la grenade lors de manifestations à Notre-Dame-des-Landes ou dans le cadre du mouvement des "gilets jaunes".
La dangerosité de la grenade réside dans son caractère explosif (elle contient 26 g de TNT). Elle "permet à quelqu'un qui est en difficulté, agressé par un groupe, de pouvoir se dégager d'une situation, elle disperse", expliquait en 2019 à l'AFP un formateur dans la police.
"Elle avait un effet détonnant et dissuasif. Une GLI, ça résonne et ça a un effet de souffle qui impressionne les organismes. C'était un moyen de défense ultime. Mais lorsqu'elle était lancée à la main, elle pouvait être ramassée par des inconscients qui pouvaient avoir la main arrachée", explique un CRS.
- "Bonne nouvelle" -
Contacté par l'AFP, Antoine Boudinet, qui a eu la main arrachée par une GLI-F4 le 8 décembre 2018 en marge d'une manifestation de "gilets jaunes" à Bordeaux, estime que ce "coup médiatique" et cet "effet d'annonce" ne sont "pas suffisants" car "c'est toute la politique du maintien de l'ordre en France qu'il faut réformer".
"On s'y attendait avec toutes ces polémiques" mais "c'est quand même une bonne nouvelle", ajoute M. Boudinet, qui figure sur la liste anticapitaliste de Philippe Poutou (avec le NPA, LFI, des associations et des "gilets jaunes") pour les municipales à Bordeaux.
"C'est une décision nécessaire mais beaucoup trop tardive. Des blessures auraient pu être évitées s'il avait pris cette décision à temps", a commenté l'avocat Raphaël Kempf, qui défend plusieurs "gilets jaunes".
Deux sources sécuritaires ont précisé que les stocks de GLI-F4 étaient en voie d'épuisement, notamment chez les gendarmes mobiles et les CRS. "Pour nous, ça ne change rien puisque la GLI est remplacée par la GM2L", une grenade lacrymogène assourdissante mais sans TNT, avance le CRS.
"Les stocks n'allaient pas être épuisés en une semaine. Nous choisissons d'arrêter tout et maintenant. C'est une décision forte", fait-on valoir dans l'entourage du ministre.
"C'est simplement un effet d'annonce à vocation politique à quelques semaines des municipales", rétorque Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité-SGP-FO. "Mais ça risque tout de même de provoquer une polémique en interne."
Un autre type de grenades, les OF-F1, avait été interdit en mai 2017 pour le maintien de l'ordre, après la mort en 2014 du militant écologiste Rémi Fraisse à Sivens (Tarn).
En rappelant l'usage "proportionné et mesuré" de la force, en dénonçant "des croche-pied à l'éthique" ou en demandant de nouvelles mesures pour la déontologie, l'exécutif a fait récemment évoluer son discours sur le maintien de l'ordre et les violences policières, terme qu'il continue de réfuter.
M. Castaner a cependant rappelé dimanche que la nouvelle stratégie de maintien de l'ordre décidée début décembre 2018, après des émeutes à Paris, était toujours à l'ordre du jour.
Castaner favorable "à faire évoluer" le statut de certains policiers scientifiques
Paris, 26 janvier 2020 -AFP-
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué dimanche être favorable "à faire évoluer" le statut de certains agents de la police technique et scientifique (PTS), vers un statut "d'actif", leur ouvrant les droits à un départ anticipé à la retraite.
Les syndicats des personnels techniques et scientifiques (PTS), en grève depuis le 5 décembre, estiment que leurs conditions de travail, qu'il jugent "dangereuses et pénibles", doivent leur ouvrir les mêmes droits que leurs collègues armés, notamment en termes de départ à la retraite.
En effet, tandis que les agents armés de la police nationale disposent du statut d'actif", les membres de la PTS sont considérés comme "sédentaires" et comme des agents administratifs.
"Il faut que dans le cadre de la mise en oeuvre du projet de loi sur les retraites (...) qui permet de prendre en compte la pénibilité dans certaines fonctions (...), nous puissions faire évoluer ce cadre, pas pour tous car certains ne sont pas confrontés au terrain", a expliqué le ministre sur France 3, faisant référence notamment aux "biologistes" qui ne "peuvent pas dire qu'il y a une dangerosité particulière" dans leurs métiers.
Selon M. Castaner, une partie des agents de PTS, "ceux qui font du terrain, sont aussi en dangerosité à certain moment", tout comme les agents armés.
Depuis le 5 décembre, l'intersyndicale regroupant trois organisations représentatives de ces policiers dont le Syndicat national des personnels de police scientifique (SNPPS) a rejoint le mouvement de mobilisation contre la réforme des retraites.
"Nous avons un statut ambigu alors que la plupart des gens ici ont fait du terrain, ont été confrontés à des criminels et voient régulièrement des cadavres", avait expliqué un fonctionnaire de la police scientifique de Marseille lors d'une manifestation à Paris mi-janvier.
"On a des contraintes de terrain, et quand vous avez l'étiquette police, il y a un danger. Pour le délinquant, vous êtes un flic, il n'y a que l'administration qui fait la différence", soulignait aussi auprès de l'AFP Xavier Depecker, secrétaire du Syndicat national indépendant des personnels administratifs techniques et scientifiques
En décembre 2018, plusieurs syndicats de police scientifique avaient déjà lancé un mouvement de grève pour exprimer leur "ras-le-bol" et dénoncer leurs conditions de travail.
La question inattendue avec Nicolas Lacroix, Président du Conseil Département de Haute-Marne.
Sa question : pourquoi ce coup de frein au retour des 90KM/H ? Et pourquoi adoptez-vous une attitude méprisante envers les présidents de départements ?