DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°58 : RICHARD FERRAND
Le 28 janvier, Richard Ferrand, président du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Nathalie Mauret, journaliste politique au groupe Ebra.
Au sommaire
- Le patron des Marcheurs parviendra-t-il à éviter les clans dans son groupe parlementaire ?
- Prisons, agriculteurs, Corse… Le gouvernement sous pression ?
- Asile et immigration, comment contrer le malaise dans la majorité ?
- Face à la mondialisation, quelle stratégie pour la création d’emplois ?
Plainte contre Darmanin : "Je suis député, je ne suis pas juge"
Il a d’abord réagi à la mise en cause de son collègue ministre des Comptes publics, Gérard Darmanin, rattrapé par une plainte pour viol : "Je suis député, je ne suis pas juge. Il a la confiance du Premier ministre et la justice est indépendante. Toute personne qui subit une plainte est condamnée à souffrir en silence en attendant que la justice dise le droit", a-t-il déclaré, comme en écho à sa propre affaire. En effet, une information judiciaire a été rouverte il y a quelques jours par le parquet national financier concernant l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Richard Ferrand avait déjà été interrogé sur cette affaire avant que les poursuites ne soient abandonnées. "Moi, j’attends que la justice confirme ce qu’elle a déjà dit", conclut-il.
La majorité fait bloc derrière Darmanin, accusé de viol
Paris, 28 jan 2018 (AFP) - Des membres du gouvernement et de la majorité ont pris la défense dimanche du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol jugée "embarrassante" pour le gouvernement par une ex-ministre PS. Après une première plainte mi-2017, classée sans suite, cette affaire a rebondi samedi avec l'annonce par le parquet de Paris de la réouverture d'une enquête pour des faits présumés datant de 2009, contestés catégoriquement par l'intéressé. Dès l'annonce de la réouverture de l'enquête, Matignon a fait savoir samedi à l'AFP que le ministre, ancien membre de LR passé à LREM, conservait "toute la confiance" d'Edouard Philippe. L'entourage du Premier ministre avait précisé que "M. Darmanin a été d'une totale transparence vis-à-vis des faits". Dimanche, l'affaire s'est imposée au menu des émissions politiques.
Invitée du Grand Jury RTL, LCI, Le Figaro, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a ainsi estimé que son collègue pouvait "rester au gouvernement", n'étant pas mis en examen, un acte de procédure qui n'est pas possible dans le cadre d'une enquête préliminaire.
Interrogée sur les départs de Richard Ferrand ou de François Bayrou du gouvernement après leur mise en cause dans des affaires sans qu'ils aient été mis en examen, la garde des Sceaux a contesté sur RTL "un revirement de jurisprudence". Nicole Belloubet a dépeint Gérald Darmanin, une des coqueluches des députés LREM, comme un collègue "très clair et rigoureux" et "très attentif quand il y a des éléments à partager". "Les ministres exercent des responsabilités, ont en charge la gestion d'un département et il faut qu'ils soient en mesure de conduire cette action. Et donc, on ne peut pas impunément les mettre en accusation pour des raisons qui ne soient pas claires", a-t-elle aussi fait valoir.
Du côté des parlementaires LREM, on appelle à une "prudence extrême": le cas du
député Christophe Arend (LREM), faussement accusé de harcèlement par une collaboratrice, est encore dans toutes les têtes.
Dans l'opposition, seule l'ancienne ministre PS de la Famille et actuelle sénatrice, Laurence Rossignol, s'est montrée plus critique, jugeant l'affaire "embarrassante" pour le ministre mais aussi pour le gouvernement, qui a mis l'égalité hommes/femmes au "premier plan".
Interrogé en janvier sur franceinfo sur sa réputation de "dragueur lourd", M. Darmanin avait reconnu "avoir pu être léger" dans ses relations avec les femmes, "avoir envoyé des SMS un peu lourds". Concernant l'affaire en cours, la plaignante s'était adressée en 2009, selon Le Monde, à M. Darmanin, alors jeune chargé de mission au service des affaires juridiques de l'UMP, pour tenter de faire annuler une condamnation prononcée à son encontre en 2004 pour des faits de chantage et d'appels malveillants contre un de ses anciens compagnons.
Prisons : "Nous n'avons pas été à la hauteur"
Richard Ferrand a affirmé ne pas avoir été surpris par les manifestations des gardiens de prison en France. "Nous savons toutes et tous [...] que la situation est extraordinairement difficile", estime le président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale. "Ce sont les conditions de détention qui font les conditions de travail des gardiens. Depuis des décennies, il est évident que nous n'avons pas été à la hauteur sur ce sujet", poursuit-il.
Pour autant, il estime que la ministre de la Justice Nicole Belloubet a mis "des réponses sur la table" et que la situation des gardiens de prison va changer. "Ce qui va demander du temps, c'est de rendre vivables des prisons qui, pour la plupart, sont invivables" conclut-il.
Erignac : "S’incliner devant la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat assassiné est un devoir"
Sur la demande des élus corse de prendre en compte leurs demandes concrètes de plus d’autonomie, Richard Ferrand souligne qu'il faut que l’on sorte d’une relation de soupçon pour aller vers une relation de confiance avec les élus. Mais il ajoute que l’absence annoncée de l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni, actuel président de l’Assemblée de Corse, aux cérémonies d’hommage vingt ans après l’assassinat du préfet Erignac serait une faute. Il précise : "Venir s’incliner devant la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat qui a été assassiné est un devoir."
Absentéisme à l’Assemblée : "Les parlementaires n’ont pas à être traqués"
A propos du traité de l’Elysée et des cérémonies conjointes entre Allemagne et France, les députés français se sont distingués par leur grand absentéisme dans l’Hémicycle au moment du discours du président du Bundestag, Wolfgang Schauble, à Paris. Interrogé sur sa responsabilité en qualité de président du groupe parlementaire majoritaire, Richard Ferrand a accepté le mea culpa mais a voulu le partager avec les ministres également absents des bancs du gouvernement et la presse en faible nombre : "Je n’étais pas très fier, ce reproche est fondé."
Que pense-t-il du baromètre sur l’activité des députés ? "Les parlementaires n’ont pas à être traqués car nous travaillons aussi bien dans la majorité que dans l’opposition. Il faut arrêter avec ce poujadisme ambiant", rappelle celui que la presse considère parfois comme peu présent.
A la question de savoir s’il y a un front anti-Ferrand au sein du groupe LREM, Richard Ferrand trouve cette formule : "Non, il y a des babillages anonymes qui sont surabondamment repris."
Bonnets d'âne et bons points: les classements de députés en question
Paris, 30 jan 2018 (AFP) - Bonnets d'âne pour les "cancres" et bons points pour les autres: les classements de députés, régulièrement publiés par certains médias, sont critiqués comme ne reflétant pas la réalité du travail parlementaire... même si les élus les mieux placés en font volontiers écho. La nouvelle Assemblée n'y a pas échappé, avec un premier pointage des moins assidus dès juillet par L'Express, puis Capital recensant en décembre ceux "qui glandent" ou "qui bossent".
Comme souvent, ces palmarès s'appuyaient sur les données recueillies depuis 2009 par le collectif Regards citoyens sur "nosdeputes.fr": présence en commission, prises de parole en séance, amendements... Le site, qui ne fait pas lui-même de classements, a fait des émules, comme "L'observatoire de la démocratie", de militants LFI. Pour montrer leur "côté imparfait et déformant", le chef de file communiste André Chassaigne évoque la rédaction de rapports, "activité longue et très importante" ou les déplacements "non seulement pas pris en compte mais pénalisants".
Cet élu chevronné reconnaît néanmoins que "les députés sont toujours très attentifs à leur rang" car les électeurs y voient "l'appréciation de leur activité". Il admet avoir relayé un classement où il était premier.
L'association Regards citoyens est elle-même "assez critique" concernant ces palmarès, explique à l'AFP l'un de ses administrateurs, Tangui Morlier. "Une partie des données nous semblant importantes ne sont pas disponibles", dit-il. "Le problème des classements est qu'ils homogénéisent les pratiques" et reviennent
à appliquer "un point de vue éditorial ou militant à des activités très diverses". Que les députés en tête les relaient est "de bonne guerre", mais, dit-il, "on a vu aussi des parlementaires bien classés qui relativisent ce travail".
- "Baromètres à la noix" -
Tout en observant un palmarès "très flatteur" pour son groupe, le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a aussi dénoncé "une comptabilité à deux balles!". Laurent Pietraszewski, nouveau chef de file LREM de la commission des Affaires sociales, estime que cette évaluation "fait vivre la démocratie" même si "c'est incomplet", mais juge qu'il faut "faire gaffe à ne pas déclencher de l'antiparlementarisme". Lors de ses voeux mi-janvier, le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM), a d'ailleurs mis en garde vis à vis de ces classements. Jugeant les données "utiles", il a estimé que "force est de constater que ni les associations citoyennes qui les traitent, ni les médias, qui parfois disons-le les maltraitent, n'ont réussi jusqu'ici à traduire, à travers ces chiffres, la réalité du travail parlementaire". Dénonçant des "baromètres à la noix", Richard Ferrand, a plaidé dimanche sur France 3 pour que l'évaluation du travail des députés soit "repensée, et ce sans poujadisme". Le président des députés LREM a indiqué avoir "suggéré que soit créé un outil informatique" indiquant leur "activité réelle". Tangui Morlier ne dit pas non, pour peu que l'Assemblée ne "tombe pas dans les travers" des classements en "imposant un point de vue", ni que cela impacte certaines
pratiques, comme cela s'est vu au Parlement européen. Il y a déjà "des députés qui savent très bien utiliser le système en déposant, ou faisant déposer par leurs assistants, des amendements par kg", observe Olivier
Costa, ce qui "non seulement truque le jeu, mais devient nuisible au travail parlementaire". En commission, "pour être comptabilisés présents, beaucoup sont amenés à re-poser une question déjà posée", souligne aussi André Chassaigne, concédant que les classements,"ça booste les députés pour être plus présents".
A la fin du magazine, l'invité (e-s) politique expose son avis sur "un bruit qui court..." : Yann Moix, vidéo ici
Violences sur les migrants à Calais par les policiers ?