DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°133 : RICHARD FERRAND
Le 15 décembre 2019, Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, député LREM du Finistère, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Cécile Cornudet, éditorialiste politique aux Echos.
Au sommaire
- La réforme des retraites est connue ! Que reste-il à négocier ?
- Y a-t-il sur le sujet deux visions dans la majorité ?
- La France est menacée de blocage, y aura-t-il une trêve pour Noël ?
- Quelles conséquences politiques pour Edouard Philippe et Emmanuel Macron ?
Le week-end du 14 et 15 décembre fait figure de transition avant la prochaine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, mardi 17 décembre. Depuis plus d'une semaine et demie, les métros et les trains sont à l'arrêt et les usagers se demandent s'il y aura des trains à Noël. Pour le Premier ministre Édouard Philippe, "chacun doit prendre ses responsabilités". "S'agissant de Noël, évidemment il faut une trêve, il est impensable que deux professions puissent empêcher les Français de partager des moments en famille, des moments dont tout le monde a besoin", assure le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, invité de Dimanche en politique.
La question de la responsabilité du gouvernement
Alors, le gouvernement doit-il aussi prendre ses responsabilités pour trouver des solutions alternatives au manque de transports ? "Ce n'est pas aussi simple que ça. Soyons clair, il faut que ceux qui empêchent par leurs choix les trains, les métros ou les bus de circuler, lèvent le pied et fassent en sorte que Noël se passe bien pour tous. Ce qui est sur la table, c'est un projet qui comprend des avancées sociales", poursuit Richard Ferrand.
Retraites: syndicats et gouvernement campent sur leurs positions, inquiétude pour Noël
Paris, 15 déc 2019 -AFP-
Syndicats et gouvernement campaient dimanche sur leurs positions au onzième jour de grève dans les transports contre la réforme des retraites et à l'avant-veille d'une journée de manifestations à l'appel de l'ensemble des syndicats, qui s'annonce très suivie.
La situation s'annonce toujours "très perturbée" lundi, avec un tiers des TGV prévus, un quart des Transilien et quatre TER sur dix en circulation à la SNCF. A Paris, 8 lignes de métro resteront fermées et il faudra compter sur un RER A sur 2 et un RER B sur 3, uniquement aux heures de pointe.
Dimanche, les difficultés ont continué pour les voyageurs tandis que le gouvernement et la majorité se sont employés à renvoyer la responsabilité d'un éventuel blocage des trains à Noël aux grévistes.
"Noël c'est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", a déclaré le Premier ministre Édouard Philippe dans le Parisien.
"Il faut une trêve, il est juste impensable que deux professions puissent empêcher les Français de partager des moments en famille dont tout le monde à besoin", a renchéri sur France 3 le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.
Opposés à l'instauration d'un système de retraite par points, les cheminots grévistes ont déjà prévenu qu'ils n'envisageaient pas de "trêve" pour les fêtes de fin d'année.
"Il faut sortir de la loi immédiatement cette idée de travailler plus longtemps, mais c'est inévitablement ce à quoi conduit ce système par points", a dit dimanche sur RTL-LCI-Le Figaro Yves Veyrier, numéro un de FO, estimant qu'il s'agit là d'une "très mauvaise idée du président de la République".
"Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose: le retrait de la réforme par points", avait déjà prévenu Laurent Brun, leader de la CGT-Cheminots.
- L'"âge pivot", "pas un totem" -
Malgré cette incertitude pour la période des Fêtes, l'opinion publique semble rester favorable au mouvement. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 54% des Français soutiennent la grève (contre 46% le 1er décembre avant le début du mouvement et 53% après la mobilisation du 5 décembre), et 30% lui sont hostiles (même proportion que la semaine passée).
A Bordeaux, le thème des retraites s'est invité dans un défilé de "gilets jaunes" avec des banderoles comme "Retraites/salaires universel = misère" ou "Stop à la manipulation de masse des médias public".
Élément clé du passage de la réforme dans l'opinion, le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence qu'il observait depuis son coup de colère mercredi contre la décision du gouvernement d'ajouter une mesure d'âge à son projet. Le gouvernement prévoit un "âge d'équilibre" à 64 ans. Cela signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d'un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d'un bonus.
Se disant soucieux qu'il n'y ait "pas de blocage des transports à Noël", il a laissé entendre qu'il acceptait l'invitation de Matignon à une nouvelle concertation, mais sans préciser de date.
"L'âge pivot n'est pas le totem de la réforme", a redit sur RTL-LCI-Le Figaro le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, en réponse à Laurent Berger.
Reste que le débat de fond est parasité par la mise en cause du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye, fragilisé par un cumul de fonctions et des soupçons de conflits d'intérêts après des omissions dans sa déclaration d'intérêts. Il a rectifié cette dernière en déclarant 13 mandats dont 11 bénévoles, soit dix de plus.
Si Édouard Philippe et plusieurs membres du gouvernement lui ont apporté leur soutien ces dernières heures, la réunion du collège de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) prévue mercredi pourrait changer la donne si elle décidait de saisir la justice.
Delevoye ou la difficile culture de la transparence pour les politiques
Paris, 15 déc 2019 -AFP-
Oublis à répétition, accusations de conflits d'intérêts et cumul d'activités prohibé : le cas du haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye illustre la difficulté pour certains politiques à se conformer aux règles de la transparence.
Les oppositions sont à nouveau tombées dimanche à bras raccourcis sur le "Monsieur retraites" du gouvernement, après la révélation par Le Monde que ce ne sont pas 3, mais 13 mandats supplémentaires - dont 11 bénévoles - qu'il a oublié de déclarer à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Il a aussi revu à la hausse certaines rémunérations perçues.
"La suspicion de conflits d'intérêts (avec le monde de l'assurance) à l'égard de M. Delevoye le disqualifie totalement", selon la présidente du RN Marine Le Pen. "Cet homme est un menteur. Qu'il parte, avec son projet aussi" sur les retraites, a dit Alexis Corbière (LFI), alors que l'artisan de la réforme n'a lui-même pas exclu de démissionner.
Le gouvernement soutient le haut-commissaire : "la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale" et il s'est mis en règle une fois les manquements signalés, assure Edouard Philippe, quand le ministre Julien Denormandie relève que "le mandat où il y avait rémunération, celui-ci il l'avait déclaré".
Il s'agit de la présidence de Parallaxe, institut de réflexion sur l'éducation dépendant du groupe de formation IGS. Or la Constitution interdit "toute activité professionnelle" aux membres du gouvernement.
Face à la polémique et au hashtag #DelevoyeGate sur les réseaux sociaux, le haut-commissaire a quitté cette fonction et s'est engagé à rembourser les sommes perçues.
Mais pour certains élus comme pour l'association Anticor, la cause est entendue. "Si un parlementaire se permettait cela, @hatvp transmettrait son dossier à la justice", a tweeté la sénatrice LR Catherine Procaccia. Anticor se réserve la possibilité d'une telle saisine.
- Décision mercredi -
Une réunion du collège de la HATVP se tient mercredi, qui n'a jamais été autant sous pression. Ce sera la dernière de son actuel président Jean-Louis Nadal. "Organisme rigoureux et indépendant" né après le scandale Cahuzac en 2013, la Haute autorité "dira le droit", selon le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM).
Selon sa jurisprudence, elle saisit la justice en cas d'"omission substantielle" des intérêts d'un déclarant ayant bien eu une intention de dissimulation.
Autres options : la HATVP peut porter une simple "appréciation", ou demander à l'intéressé de se "déporter" des dossiers où il serait en conflit d'intérêt." "Jean-Paul Delevoye a pris acte de sa légèreté, il a eu une réaction rapide", estime auprès de l'AFP René Dosière, président de l'Observatoire de l'Éthique Publique, renvoyant une décision au politique plutôt qu'à la justice.
Cet ancien député PS se remémore son action "vigoureuse" pour remettre de l'ordre dans primes et salaires lorsqu'il était à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese) de 2010 à 2015. Il déplore que le gouvernement n'ait pas suivi sa préconisation, cet été lors de l'affaire Rugy, de s'attacher un déontologue.
"Delevoye a été habitué à émarger à des conseils d'administration pendant des années, à toucher 15-18.000 euros par mois... Il pensait peut-être que ça passerait", son cumul de rémunérations, tacle une source parlementaire LREM.
Comment Jean-Paul Delevoye, qui a tardé à remplir sa déclaration d'intérêts après son entrée au gouvernement en septembre, a-t-il pu faire preuve de négligence ?
"J'ai été extrêmement attentif à ma déclaration de patrimoine", en cours de contrôle par la HATVP et non encore publique, et "j'avoue ne pas avoir porté la même attention à ma déclaration d'intérêts", reconnaît-il.
La première déclaration permet de vérifier qu'il n'y a pas enrichissement personnel, et est à l'origine de la plupart des dossiers en justice. La seconde doit éviter qu'un intérêt privé n'interfère avec une fonction publique. Les deux sont obligatoires depuis le précédent quinquennat pour 15.000 élus et responsables publics.
Elles sont entrées dans les moeurs, parfois avec quelques réticences. Ainsi Edouard Philippe lui-même, alors député LR qui avait voté contre les lois sur la transparence de 2013, les avait remplies de façon désinvolte l'année suivante, avant de s'y plier en fin de mandat.
La question inattendue avec Sébastien Chenu, député du Nord |Conseiller régional du Nord-Pas-De-Calais | Porte-Parole du Rassemblement National.
Sa question : Un référendum comme proposition pour la réforme des retraites ?
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