DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°132 : BRUNO LE MAIRE
Le 8 décembre 2019, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Frédéric Says, journaliste politique à France Culture.
Au sommaire
- Après ce premier round de manifestations contre la réforme des retraites, quelle sera la réponse du gouvernement ?
- Pourquoi cheminots, enseignants et avocats se retrouvent-ils ensemble dans les cortèges ?
- Combien de temps l’opinion soutiendra-t-elle les manifestants ?
- Quelle issue à la guerre commerciale des taxes GAFA contre "champagne" ?
Alors que la grève contre la réforme des retraites se poursuit à la SNCF et la RATP, "je ne souhaite aucune brutalité", assure le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. Avec la réforme des retraites proposée, "je pense que nous sommes honnêtes avec les Français, ça veut dire que je n'ai jamais caché qu'il fallait travailler plus longtemps. L'équilibre de notre système de retraite en dépend", rappelle le ministre. Il ajoute que des garanties sur la valeur du point seront dans la loi.
Retraites: Le Maire et Borne critiquent l'attitude de la CGT, qui réplique
Paris, 8 déc 2019 -AFP-
Les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et de la Transition écologique Elisabeth Borne ont accusé dimanche la CGT de refuser le dialogue sur la réforme des retraites, ce qu'a vigoureusement contesté son secrétaire général Philippe Martinez.
"Je pense (que la CGT) défend plus ses troupes que les Français" en demandant le retrait du projet de système universel de retraite par points, a lâché Bruno Le Maire sur France 3.
"Quand Philippe Martinez parle de bras de fer, moi je l'invite à renoncer au bras de fer et je l'invite à entrer dans le dialogue, parce que c'est le dialogue qui nous permettra d'avoir une réforme des retraites qui soit acceptable par tous les Français", a-t-il poursuivi.
Interrogé sur le plateau de France Inter et France Télévisions sur ces propos, le dirigeant cégétiste a estimé que Bruno Le Maire était "encore dans la division".
"On défend tous les Français parce que ce projet de loi concerne tous les Français. Et Bruno Le Maire, j'espère, a regardé la télévision, a écouté la radio. Il a dû entendre ou voir que jeudi dernier, il s'est passé quelque chose et c'étaient pas des privilégiés, c'était le monde du travail qui était dans la rue", a fait valoir le responsable syndical, en écho à la mobilisation de plus de 800.000 manifestants le 5 décembre.
Lors du "Grand jury" RTL/Le Figaro/LCI, Elisabeth Borne a pour sa part estimé que "la CGT, depuis le début, (...) n'est pas dans les discussions".
"Donc je ne pense pas que ce soit avec la CGT qu'on trouvera le chemin de la sortie de ce conflit", a taclé la ministre de tutelle des Transports. "Il y a des propositions des organisations syndicales... C'est à ces propositions que le Premier ministre répondra mercredi", a-t-elle précisé, en allusion à la CFDT, à la CFTC et à l'Unsa, plus ouvertes à la discussion sur le projet du gouvernement.
Dans Le Journal du dimanche, Philippe Martinez a une nouvelle fois répondu à l'accusation qui lui est faite de refuser le dialogue.
Son organisation "a vu" le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye "22 fois depuis décembre 2017, n'en déplaise à ceux qui racontent que la CGT a fait la politique de la chaise vide". Mais "nous proposons un tout autre projet de réforme des retraites" que celui de l'exécutif, a-t-il souligné.
LEAD 2-France-Veillée d'armes avant une semaine cruciale pour la réforme des retraites (Actualisé avec déclarations d'Elisabeth Borne et de Bruno Le Maire)
PARIS, 8 décembre -Reuters-
Le gouvernement et les syndicats opposés à la réforme des retraites fourbissent leurs armes ce dimanche avant une semaine cruciale dans leur affrontement autour de cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron, alors que la poursuite de la grève dans les transports menace de perturber durablement les déplacements en France.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, qui présentera l'intégralité du projet mercredi, doit réunir les ministres concernés en fin d'après-midi à Matignon avant une réunion de travail à l'Elysée autour du chef de l'Etat.
Si chaque camp affiche sa détermination, avec notamment une nouvelle journée de grève et de manifestations prévue mardi côté syndical, le gouvernement s'efforce néanmoins de ne pas donner l'impression de vouloir passer en force.
"Je suis déterminé à mener la réforme à son terme et très soucieux de le faire en respectant les gens et en répondant à leurs inquiétudes", a déclaré Edouard Philippe au JDD. "Si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd'hui, quelqu'un d'autre en fera une demain brutale, vraiment brutale."
Face aux inquiétudes liées à la fusion des 42 régimes existants en un système universel par points, le gouvernement promet de faire preuve de pédagogie et de souplesse, notamment sur le rythme de mise en oeuvre de la réforme en fonction des spécificités de chaque profession.
"Mercredi, j'expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu'on veut construire. Et je continuerai ensuite à l'expliquer", a dit Edouard Philippe.
Pour Bruno Le Maire, "il y a beaucoup d'espace pour le dialogue".
Alors que le gouvernement envisage, parallèlement à sa réforme, des mesures pour ramener le système actuel à l'équilibre financier en 2025, "le calendrier (...) ça peut faire partie des sujets de discussions", a dit le ministre de l'Economie sur France 3.
"Quand est-ce que nous faisons cet équilibre financier ? Est-ce qu'il faut prendre un peu plus de temps pour que la pente ne soit pas trop raide pour ceux qui seront concernés ? Ça ne me pose aucune difficulté", a-t-il ajouté.
"NOUS TIENDRONS JUSQU'AU RETRAIT", DIT LA CGT
Le gouvernement admet cependant un besoin de "rassurer" les Français sur sa réforme.
"Il faut entendre les inquiétudes et rassurer les Français (...) sur le fait que cette réforme, ça se passera bien et qu'on saura gérer les transitions pour qu'il n'y ait pas de brutalité dans la réforme", a dit Elisabeth Borne dans l'émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
Les annonces du Premier ministre mercredi permettront de "clarifier le contenu et surtout le rythme de mise en oeuvre de la réforme des retraites", a ajouté la ministre de la Transition écologique. "On ne va pas dire du jour au lendemain (aux agents de la SNCF et de la RATP) qu'on va tout changer."
Du côté syndical, ce discours rassurant peine à convaincre et on soupçonne le gouvernement de ne pas avoir pris la mesure de la contestation.
Après le "très beau succès" de la première journée de manifestations jeudi et de la grève à la SNCF et à la RATP, qui se poursuit ce dimanche pour une quatrième journée consécutive, le secrétaire général de la CGT affirme dans le JDD: "Nous tiendrons jusqu'au retrait" de la réforme.
"En 1995, au début de la première manifestation, le premier ministre Alain Juppé avait dit que jamais il ne retirerait son projet. Les choses évoluent vite. Et la colère est grande. Le gouvernement devrait être attentif", dit Philippe Martinez, selon lequel les ministres "sont déconnectés d'un certain nombre de réalités".
Interrogé sur une issue possible à cet affrontement, le secrétaire général de la CGT déclare: "La balle est dans le camp du gouvernement."
"Qu'il entende la colère. Qu'il dise qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Qu'il remette les compteurs à zéro", ajoute Philippe Martinez au sujet d'Edouard Philippe, en jugeant qu'"il n'y a rien de bon" dans le projet gouvernemental.
En région parisienne, le trafic des bus, métros et RER devrait être encore "extrêmement perturbé" lundi avec de nombreuses lignes fermées en raison de la grève, a prévenu la RATP. Sur le réseau ferroviaire national, le trafic "restera fortement perturbé", a dit la SNCF.
Grèves: Le Maire recevra les commerçants "la semaine prochaine"
Paris, 8 déc 2019 -AFP-
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé dimanche qu'il recevrait "la semaine prochaine" les représentants des commerçants, inquiets de l'impact sur leur activité des grèves et manifestations contre la réforme des retraites.
"Je recevrai les commerçants la semaine prochaine avec ma secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher qui fait un très gros travail sur ce sujet", a déclaré sans plus de précision le ministre sur France 3.
Face à l'inquiétude des commerçants pour leurs ventes en cette période cruciale de fêtes de fin d'année, "il peut y avoir toutes sortes de mesures d'accompagnement des commerçants", a assuré Bruno Le Maire. "Nous ne les laisserons pas tomber, et certainement pas à la veille des fêtes de Noël."
Rappelant l'action du gouvernement en faveur des commerçants, dont le chiffre d'affaires avait pâti en fin d'année dernière de la crise des gilets jaunes, le ministre a indiqué qu'il regarderait "au cas par cas quelle est la situation".
Le premier jour de grève jeudi a entraîné 30% de baisse d'activité en moyenne, selon l'Alliance du commerce, qui représente 26.000 magasins et 200.000 salariés dans le secteur de l'équipement de la personne.
Décembre est crucial pour les commerçants, qui réalisent durant cette période de 10% à 20% de leurs revenus annuels, voire plus pour les activités saisonnières, selon l'Alliance du commerce.
La France prête à saisir l'OMC face aux menaces américaines sur le champagne
PARIS, 8 décembre -Reuters-
La France est prête à aller devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) face à la menace américaine de taxer des produits français comme le champagne en représailles à la création d'une taxe sur le numérique, a déclaré dimanche Bruno Le Maire sur France 3.
Votée en juillet, la taxe française de 3%, dite "taxe Gafa", s'applique aux sociétés réalisant un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros au niveau mondial et de plus de 25 millions d'euros sur le sol français, dans le cadre de leurs activités numériques.
Donald Trump a exprimé sa colère face à cette initiative française, les géants du numérique comme Alphabet, Facebook ou Amazon étant pour la plupart américains, et les Etats-Unis ont menacé lundi de surtaxer l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français, dont le champagne et le fromage.
Pas d'augmentation du salaire minimum
"Je souhaite que l'on arrive à convaincre une majorité de Français que notre réforme est juste, elle est universelle, qu'elle fait disparaître les régimes spéciaux progressivement et qu'elle est équilibrée financièrement." Par contre, "soumettre au référendum un projet qui était proposé par le président de la République dans son programme et donc adopté par une majorité de Français, c'est Shadok", martèle Bruno Le Maire.
Le ministre a aussi indiqué qu'il n'y aura pas de coup de pouce pour le Smic, "parce que nous avons déjà augmenté massivement la prime d'activité". Bruno Le Maire avance aussi que la prime d'activité permet d'apporter plus de pouvoir d'achat aux personnes qui touchent le Smic, que d'augmenter le salaire minimum.
Bruno Le Maire opposé à un coup de pouce au Smic au 1er janvier
Paris, 8 déc 2019 -AFP-
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'est dit dimanche opposé à un "coup de pouce" au-delà de la revalorisation automatique du salaire minimum au 1er janvier.
"Il n'y aura pas de coup de pouce au Smic au 1er janvier, en tout cas je ne le souhaite pas", a déclaré dimanche le ministre sur France 3.
"Il y a une formule que nous appliquons, et je pense qu'il faut respecter cette formule", a-t-il plaidé, rappelant que le gouvernement avait déjà "augmenté massivement la prime d'activité", de "100 euros, au niveau du Smic".
"Et je pense que la prime d'activité, et d'ailleurs un certain nombre de rapports l'établissent, c'est plus efficace que le Smic pour le pouvoir d'achat des personnes qui sont payées au niveau du Smic", a-t-il jugé.
La position du ministre suit celle du groupe d'experts sur le Smic, consulté avant chaque revalorisation du salaire minimum le 1er janvier, qui a recommandé jeudi de s'abstenir de tout "coup de pouce".
Depuis sa création en 2008, ce panel d'économistes s'y est toujours montré défavorable, estimant que cela nuirait à l'emploi des moins qualifiés, au chômage toujours élevé, tout en ayant un "impact limité contre la pauvreté".
Le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères: l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE). Le 1er janvier 2019, cette revalorisation avait été de 1,5%.
Valérie Rabault, députée de Tarn-et-Garonne (1ère circonscription, Montauban) Présidente du groupe Socialistes & apparentés à l'assemblée nationale.
Sa question : Comment allez vous soutenir les 1 million de Français qui ont signé contre la privatisation de l'ADP ?
Pas de décision sur la privatisation d'ADP jusqu'à la fin de la procédure pour un référendum, dit Bruno Le Maire
PARIS, 8 décembre -Reuters-
Le gouvernement ne prendra aucune décision sur la privatisation d'Aéroports de Paris jusqu'à la fin de la collecte des signatures pour l'organisation d'un référendum, a déclaré dimanche Bruno Le Maire sur France 3.
Ce projet de référendum sur la privatisation d'ADP a recueilli plus d'un million de signatures, selon un décompte publié mercredi par le Conseil constitutionnel. Emmanuel Macron s'est dit favorable en avril à l'abaissement à un million de signatures du seuil nécessaire à l'organisation d'un référendum d'initiative partagée (RIP).
Bruno Le Maire a néanmoins insisté dimanche sur le fait que la législation actuelle s'appliquait et que cette proposition de référendum devait recueillir la signature d'un dixième des électeurs inscrits, soit 4,7 millions de personnes, d'ici à la mi-mars pour aboutir.