DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°96 : GERALD DARMANIN
Le 17 janvier 2019, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, est l’invité de "Dimanche en politique", le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos.
Au sommaire
- L’impôt prélevé à la source va-t-il avoir des conséquences sur le pouvoir d’achat des Français ?
- Comment répondre à la demande d'une justice fiscale ?
- Le grand débat national peut-il mettre en sourdine la révolte des "gilets jaunes" ?
Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, est à la manœuvre pour la mise en place de l'impôt à la source en ce moment. D'ici à la fin du mois, tout le monde y sera passé. L'impôt prélevé à la source va-t-il avoir des conséquences sur le pouvoir d'achat des Français ? "Depuis 1920, on payait son impôt après son revenu, et ça posait des tas de problèmes. Tous les pays autour de nous l'ont fait, mais personne n'a eu le courage de mettre en place l'impôt à la source", répond Gérald Darmanin.
Y a-t-il un risque d'erreurs du côté des entreprises ? "Je ne le crains pas parce que nous avons beaucoup préparé la réforme et que la France est capable de faire les mêmes réformes que ses pays voisins", affirme le ministre.
Selon le ministère de l'Intérieur, 84 000 "gilets jaunes" ont défilé partout en France, samedi 19 janvier, alors que le débat public a été lancé. " Le grand débat souhaité par le président de la République est un moment très important, unique dans notre démocratie, d'humilité de la part de l'exécutif (...) On sait bien qu'il y a une crise dans notre pays, depuis de très nombreuses années. J'ai vu, depuis quinze ans que je fais de la politique, des gens de plus en plus nombreux à voter pour les extrêmes, ou en s'abstenant", réagit Gérald Darmanin face à la mobilisation des "gilets jaunes".
"Pensez-vous que les 'gilets jaunes' votent pour les extrêmes ?" interroge Francis Letellier, ce à quoi le ministre répond : "Non, je pense que c'est une volonté de ne pas se reconnaître dans un système de représentation, de démocratie peut-être."
Un envoi postal de la "lettre aux Français" de Macron coûterait 5 à 7 millions d'euros (Darmanin)
Paris, 20 jan 2019 -AFP-
Un éventuel envoi par courrier de la "lettre aux Français" d'Emmanuel Macron pourrait coûter "entre 5 et 7 millions d'euros" à l'Etat, a estimé dimanche le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, se disant favorable à l'opération.
Cette lettre a été publiée sur le site de l'Elysée et reprise par les médias dès le 13 janvier, à la veille du lancement par le gouvernement du grand débat national, sans qu'il soit clair si elle allait être envoyée à tous les résidents du pays par la suite.
"Je souhaite qu'elle le soit et j'imagine qu'elle pourrait l'être dans les semaines qui viennent", a déclaré dimanche M. Darmanin durant l'émission Dimanche en politique de France 3 dont il était l'invité.
"Je n'ai pas d'ordre à donner au président de la République", a prudemment ajout le ministre, "mais je pense qu'il faut que les Français s'intéressent à ce débat" et qu'ils ne le perçoivent pas comme "un débat blabla ".
Interrogé sur le coût d'une telle opération postale, M. Darmanin a estimé que "lorsqu'on décide en général de faire un référendum et donc d'adresser à tous les Français une propagande électorale, ça coûte entre 5 et 7 millions d'euros".
Il a ensuite balayé toute critique sur une telle dépense: "Je suis toujours étonné de la façon dont les gens souhaitent à la fois plus de démocratie, plus d'information, plus d'échanges, et rejettent parfois le coût de la démocratie".
Sollicité dimanche par l'AFP, l'Elysée n'a pas fait de commentaire sur un éventuel envoi massif du message présidentiel par courrier.
Les organisations caritatives profiteront du prélèvement à la source, estime Darmanin
Paris, 20 jan 2019 -AFP-
Le dispositif de l'impôt à la source a maintenu le bénéfice de la réduction d'impôt pour dons à des associations acquis au titre de 2018 et "ce sera le cas tous les ans", a rappelé le ministre, invité à l'émission "Dimanche en politique" de France 3.
Dès le 15 janvier, "neuf millions de contribuables" ont reçu un acompte de 60% de la réduction d'impôt dont ils avaient bénéficié en 2018 au titre de leurs dépenses de 2017 donnant droit à des déductions d'impôts, tels que des dons à des organisations caritatives, a souligné M. Darmanin.
En particulier, la suppression de l'ISF, maintenu uniquement sur la fortune immobilière (IFI), a divisé par deux environ le nombre de contribuables aisés défiscalisant leurs dons par ce biais, toujours selon ce syndicat fédérant près d'une centaine de fondations et associations faisant appel au grand public pour financer leurs activités.
Il a aussi ajouté espérer que ces donateurs anciennement soumis à l'ISF "n'avaient pas simplement la volonté de défiscaliser" avec leurs dons mais qu'ils le faisaient aussi par "générosité".
Trop tôt pour évaluer l'impact de la suppression de l'ISF
Mardi 15 janvier, avant de rencontrer les maires dans l'Eure, Emmanuel Macron a dit : "Il y a les gens en situation de difficulté. On va davantage les responsabiliser parce qu'il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent". Qui seraient ces gens qui "déconnent" dont parle le président ? "Des gens peuvent, d'une manière ou d'une autre, profiter ou utiliser le système. C'est le cas de la fraude fiscale et de la fraude sociale. Je ne suis pas pour la guerre des classes sociales. Je suis ici pour que l'on puisse se dire qu'il faut une redistribution juste (...), qu'il n'y ait pas de fraudes ni sociale ni fiscale."
Dans les cahiers de doléances, les Français souhaitent que l'ISF soit rétabli. Pourquoi les conséquences de sa suppression, qui date d'il y a un an, sont si difficiles à évaluer ? "Sans doute qu'à la fin de cette année, au bout d'un an et demi d'une réforme, on peut commencer à évaluer", conclut le ministre.