DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°74 : RICHARD FERRAND
Le 27 mai, Richard Ferrand, président du groupe La République en marche à l'Assemblée et député du Finistère, est l’invité de "Dimanche en politique" pour la troisième fois, le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Eric Hacquemand, journaliste politique à Paris-Match.
Au sommaire
- Le Parlement a-t-il à perdre où à gagner dans la réforme des institutions ?
- Diminution des prestations sociales, limitation à 80 km/h sur les routes secondaires… Est-ce l’heure des premiers couacs au gouvernement ?
- Que préparent les députés qui veulent être "En marche" et à gauche ?
- A l’heure de la première bougie, pourquoi le président marque-t-il le pas dans les sondages ?
Richard Ferrand est-il prêt à assumer la présidence du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale pendant quatre années supplémentaires ? "J'ai posé comme règle, le jour où je me suis présenté au suffrage de mes collègues, que tout serait remis sur la table. Chacun fait un bilan, chacun dit pourquoi il souhaite faire autre chose ou continuer, et c'est notre groupe qui décidera. (...) Rendre des comptes, évaluer, dire sur quoi on veut s'investir, c'est quand même sain. C'est aussi l'évolution positive de notre démocratie", explique le député.
Il s'agit aussi de permettre "à d'autres de prendre des responsabilités" dans le gouvernement. Et, "comme tout le monde", le président de l'Assemblée François de Rugy mettra lui aussi sa place en jeu à la mi-mandat.
Le gouvernement manque-t-il d'inflexion sociale ?
Un certain nombre de députés de la majorité se plaignent aujourd'hui d'un manque d'inflexion sociale de la politique du gouvernement. "Je pense qu'il ne faut pas être jeune et penser vieux. Ce que je veux dire par là, c'est que lorsque nous investissons dans l'éducation, dans l'apprentissage, dans tout ce qui permet de sortir de l'exclusion, c'est comme cela qu'on s'occupe des plus démunis, de nos compatriotes les plus en difficulté. On a encore cette idée que la justice ou la solidarité, ce n'est que de la redistribution monétaire. Le but, ce n'est pas d'installer des compatriotes dans la dépendance d'allocations sociales, c'est au contraire de leur tendre la main pour les faire revenir dans notre société", argumente le président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale.
Pour ce qui concerne les aides sociales, "il ne faut pas rogner, il faut repenser", estime Richard Ferrand. Et sur les aides aux entreprises, "il faut les rebalayer toutes, les remettre à plat et les repenser mais pas rogner" : "Par exemple, pour les aides à l'innovation, il existe 660 dispositifs d'aide aux entreprises. C'est un fatras où personne ne s'y retrouve. "
Aides sociales: "repenser ne veut pas dire rogner", assure Ferrand (LREM)
Paris, 27 mai 2018 (AFP)
Le chef de file des députés LREM, Richard Ferrand, a plaidé dimanche que "repenser" les aides sociales pour mieux les adapter à "nos besoins", comme "ramener celles et ceux trop éloignés de l'emploi", ne voulait "pas dire rogner" ces aides.
"Qu'il s'agisse de l'action sociale ou des entreprises, il ne faut pas rogner, mais repenser", a jugé M. Ferrand, interrogé dans "Dimanche en politique" sur France 3 sur la polémique ayant éclaté, jusqu'au sein du gouvernement, après des propos du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
"Repenser pour être plus en phase avec nos besoins, c'est du bon sens", a plaidé cet élu du Finistère. Sur les aides sociales, la France est "le pays d'Europe qui en accorde le plus et a une pauvreté qui ne cesse de croître - avec même une transmission de père en fils", a-t-il dit. "L'enjeu est de les repenser pour faire en sorte qu'on investisse plus dans le social, pour ramener celles et ceux qui sont trop éloignés de l'emploi", selon le président du groupe LREM.
Quant aux aides aux entreprises, "il existe aujourd'hui 678 dispositifs d'aides aux entreprises que même les entrepreneurs ne connaissent pas toutes", "certaines ne sont plus utilisées" ou "répondaient à un contexte particulier", donc il faut "les rebalayer toutes", a justifié M. Ferrand.
"Repenser ne veut pas dire rogner", a-t-il martelé. Dimanche dernier, Bruno Le Maire a évoqué une réduction des aides sociales à l'emploi dans l'objectif de baisser les déficits publics, s'il y avait suffisamment de créations d'emplois dans le privé.
Le Monde a révélé samedi dernier l'existence d'un document de la direction du Budget, intitulé "Transformer les prestations sociales", notant que les aides sociales constituent "un poids croissant" pour les finances publiques. Face à la polémique, Gérald Darmanin a estimé qu'"il ne faut pas toucher aux prestations sociales individuelles", malgré "des économies à faire dans le domaine social" comme une réforme de la prime d'activité.
Pour réduire la dépense publique, le ministre des Comptes publics a donné sa préférence à la réduction des aides aux entreprises, dont il a estimé le montant total à 140 milliards d'euros cette année. Selon lui, M. Le Maire, qui "travaille aujourd'hui sur une réforme des aides aux entreprises", "a proposé (de les réduire) pour à peu près 5 milliards d'euros".
Banlieues: "déçue", Pécresse promet un "plan alternatif", fustige l'expression "mâles blancs"
Ajoute réaction Ferrand
Paris, 27 mai 2018 (AFP)
Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, s'est déclarée dimanche "extraordinairement déçue" des annonces pour les banlieues d'Emmanuel Macron et "choquée" de sa phrase sur les "mâles blancs", promettant un "plan alternatif" d'élus locaux avant l'été.
"J'avais énormément d'espoir dans le travail de Jean-Louis Borloo sur le plan banlieue et j'ai été extraordinairement déçue et frustrée", a-t-elle affirmé lors du "Grand rendez-vous" Europe1/Les Echos/CNEWS.
Préconisant de combiner "autorité, moyens supplémentaires et mixité" et d'obtenir "un ascenseur social qui fonctionne", la présidente de région a appelé à "détruire les grands ensembles, reconstruire des quartiers entiers, avec un plafond antighetto".
"Il ne peut pas y avoir de mixité sociale quand il y a plus de 30% de logement social dans un quartier", selon Mme Pécresse.
"Si l'Etat n'est pas au rendez-vous nous ferons sans l'Etat. Avec les moyens qui sont les nôtres, nous mettrons le paquet pour transformer nos villes et déghettoïser.
Nous présenterons notre plan alternatif dans quelques semaines. On va le chiffrer, avant l'été, avec un fort volet économique" et entrepreneurial, a ajouté cette ancienne ministre du Budget.
Elle a aussi critiqué les propos du président de la République, qui a ironisé mardi sur les "deux mâles blancs", - sous-entendu Jean-Louis Borloo et lui-même -, s'échangeant un "plan" sur les banlieues, une méthode qui "ne marche plus".
Interrogé sur les critiques de la présidente de région LR sur la formule "mâles blancs", le chef de file des députés LREM Richard Ferrand a répliqué dans "Dimanche en politique" sur France 3: "Que d'emphase ! Il ne s'agit pas de cela".
Il s'agissait "de dire que ceux qui ont pensé un rapport ou pensent en général la politique de la Ville n'habitent pas dans ces quartiers, n'ont pas de contacts et qu'il faut partir du terrain, apporter des réponses concrètes, précises sur la sécurité, l'éducation, la formation", rompre avec les "grands plans" faits "depuis 30 ans" sans succès, selon ce proche du chef de l'Etat.
La marée populaire "n'a pas eu le temps de monter qu'il y a déjà eu reflux"
Richard Ferrand a commenté la "marée populaire" qui a mobilisé dans la rue syndicalistes et partis politiques : "On ne rejoue pas le match de la présidentielle", "syndicalistes et politiques doivent vivre leur vie séparément".
Mais pour lui, "la marée n'a pas eu le temps de monter qu'il y a déjà eu le reflux". Il explique ainsi ce manque de mobilisation : "Sur des objets indéterminés qui ne consistent qu'à venir dire 'on est contre', ça ne mobilise pas les foules. (…) Les Français veulent qu'on agisse, et non pas protester pour protester."
"La dette SNCF va venir grossir la dette de l'Etat qu’il faut rembourser"
Le Premier ministre a annoncé la reprise de 35 milliards de dette à la SNCF. Il aura fallu deux mois pour mettre cette question de la dette sur la table. Selon Richard Ferrand, une telle décision, "ça se réfléchit quand même", car cela représente "1 228 euros par foyer fiscal".
Il a confirmé que "la dette de la SNCF sera à la charge du contribuable, la dette ne peut pas s'envoler", mais il n'y aura pas un impôt SNCF, "la dette SNCF va venir grossir la dette de l'Etat qu’il faut rembourser". Mais il assure que "tout est bon pour repartir sur de bons rails, sans mauvais jeu de mots".
SNCF : la réforme sur les rails du Sénat, signaux pour les syndicats réformistes
Paris, 27 mai 2018 (AFP)
La réforme ferroviaire, décriée par la gauche et les syndicats, arrive mardi au Sénat avec de nouvelles retouches en vue, dont des signaux pour les syndicats réformistes avec la bénédiction de l'exécutif.
Après le vote "très au-delà de la seule majorité" à l'Assemblée, les trois jours de débats au Sénat vont "permettre d'aboutir à un texte conforme à la volonté que porte le gouvernement", avec notamment la reprise de "certains apports demandés par l'Unsa et la CFDT", souligne le Premier ministre, Edouard Philippe, dans le JDD.
L'Unsa se prononcera "très rapidement" sur son éventuelle sortie du conflit. Et le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, juge que "les deux semaines qui s'ouvrent sont décisives", sa centrale comptant peser "jusqu'au bout" du processus parlementaire pour obtenir "les évolutions que nous souhaitons".
"J'imagine que M. Berger attend de s'assurer que la nouvelle rédaction est adoptée", notamment sur l'"incessibilité" et, "si le Sénat ne le fait pas, on le fera", a déclaré sur France 3 le patron des députés LREM, Richard Ferrand.
"Tout est prêt pour repartir sur des bons rails, il est temps que tout le monde se remette au travail", a-t-il ajouté.
Après la première lecture au Sénat et le vote solennel le 5 juin, députés et sénateurs tenteront de s'accorder sur une version commune en commission mixte paritaire le 13 juin.
- "Dernières propositions" -
"La CFDT veut sortir au plus vite du conflit, mais dans de bonnes conditions pour les cheminots et l'avenir du transport ferroviaire", ajoute son patron dans une interview au JDD.
Pour le président, Emmanuel Macron, "nous sommes arrivés au bout du processus, le texte va arriver au Sénat" et le gouvernement a "fait ses dernières propositions" avec les annonces de Matignon vendredi sur la reprise d'une large partie de la dette, à hauteur de 35 milliards d'euros.
Et le gouvernement compte "introduire dans le texte au Sénat un amendement qui limitera la capacité d'endettement de la SNCF, pour qu'elle ne se retrouve jamais confrontée à nouveau à un endettement insoutenable", selon le Premier ministre.
Très attachés à l'aménagement du territoire, les sénateurs veulent aussi retoucher la loi en ce sens. Ils ont ainsi voulu, en commission, préserver certaines dessertes TGV et les prérogatives des régions, autorités organisatrices de transports pour les TER.
"La responsabilité du maintien des dessertes directes des villes moyennes ne saurait peser sur les seules régions, en l'absence de financements spécifiques", a déclaré le président de la commission, Hervé Maurey (UC).
Du coup, les sénateurs ont intégré au texte une proposition de loi, votée fin mars, prévoyant la conclusion par l'État de contrats de service public pour répondre aux besoins d'aménagement du territoire et préserver des dessertes directes sans correspondance.
A la fin du magazine, l'invité (e-s) politique expose son avis sur "un bruit qui court..." : Les Pro-Erdogan rouspètent et s'opposent à l'affichage sur la Une du Point Erdogan- Le Dictateur, cela vous choque ? A voir ci-dessous.