DIMANCHE EN POLITIQUE SUR FRANCE 3 N°46 : PIERRE LAURENT
Le 15 octobre, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste et sénateur de Paris, est l’invité de "Dimanche en politique" pour la deuxième fois, le magazine politique de France 3. Il est interrogé par Francis Letellier, avec à ses côtés Cécile Cornudet, éditorialiste aux Echos.
Au sommaire :
- Les communistes ont sauvé leurs groupes au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Qu’en sera-t-il demain ?
- La refondation gagne les partis politiques, comment le PCF compte-t-il se réinventer un avenir ?
- Jean-Luc Mélenchon radicalise ses propos, qu’en pense Pierre Laurent ?
- Quelle part de marché pour la gauche communiste face à La France insoumise ?
Le 15 octobre, "Dimanche en politique" revient en images sur l'actualité de la semaine passée. Cette dernière a été marquée par les manifestations de fonctionnaires le 10 octobre, à l'appel de tous les syndicats, dont les leaders n'ont pourtant pas défilé côte à côte. Les fonctionnaires protestaient notamment contre la hausse de la Contribution Sociale Généralisée (CSG), le gel du point d'indice, la suppression de 120 000 postes annoncée par Emmanuel Macron et le rétablissement du jour de carence, et ils entendaient lancer un avertissement au gouvernement.
De polémique en polémique
Au menu également des actualités de cette deuxième semaine d’octobre : la consultation des syndicats par le gouvernement avant les réformes sociales ; la protestation de Jean-François Damien, maire d'une commune de Meurthe-et-Moselle, contre la baisse de dotations de l'Etat aux collectivités locales (il a réduit d'un tiers le portrait offciel du président de la République dans la salle du conseil municipal) ; l'indépendance de la Catalogne ; l'affaire Richard Ferrand et l'interview d'Emmanuel Macron à Der Spiegel. Ce dernier a notamment déclaré qu'il ne "céderai[t] pas au triste réflexe de la jalousie française, parce que cette jalousie paralyse le pays".
L'homme politique est notamment interrogé sur la réforme du Code du travail par ordonnances voulue par Emmanuel Macron, ses rapports avec le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, mais également sur le scandale actuel de l'affaire Harvey Weinstein, producteur américain accusé par des actrices de les avoir harcelées sexuellement et aussi de viols.
L'affaire Weinstein révèle "une prédominance des dominations sexistes"
Nicolas Sarkozy avait remis en 2012 une légion d'honneur au producteur. Pierre Laurent reconnait qu'il serait bien sûr opportun de la lui enlever mais veut aller au-delà. Il estime que "cette affaire révèle une fois de plus une généralisation, une prédominance des dominations sexistes, des crimes et violences sexistes dans nos sociétés, quels que soient les milieux", ajoutant qu'"il y a une politique d'ensemble à conduire", notamment par le biais d'"une éducation non sexiste à l'école, le pouvoir patronal peut être aussi un facteur d'amplification. [...] Libérer la parole des femmes, ce n'est pas simplement dans le débat médiatique. On n'a même plus de ministère de plein exercice de droits des femmes" déplore-t-il.
"Le président de la République doit cesser avec le passage en force"
En ce qui concerne la politique du gouvernement, Pierre Laurent martèle : "Je crois que le président de la République doit cesser avec le passage en force [...] parce qu'il y a une très grande colère qui est en train de monter dans tous les secteurs de la société". Il exhorte Emmanuel Macron, qui s'exprimera ce dimanche soir, à "rouvrir la discussion avec les organisations syndicales". Il lui reproche également de vouloir "diminuer le nombre d'élus de proximité et donc réduire le champ démocratique", car "il pense qu'il est plus intelligent que tout le monde", une idée qu'il juge "profondément dangereuse et anachronique".
Pas de compétition avec La France insoumise
Enfin, il confie n'avoir pas reparlé à Jean-Luc Mélenchon depuis la fête de l'Huma, bien qu'il pense qu'"il faudrait qu'on se parle beaucoup plus", ajoutant qu'il est "disponible". Il refuse de se poser en compétition avec la France insoumise : "Je suis à la tête d'un parti qui a un passé mais aussi un avenir, car il faudra bien inventer un autre système que celui du capitalisme mondialisé. […] Il faut que nous changions la manière dont nous sommes perçus dans l'opinion mais le mot communiste restera."
Sur la querelle d'insultes entre Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent refuse de prendre parti. Il condamne cependant tout propos tenus par des adhérents du PCF qui viseraient à excuser des actes criminels comme ceux commis à la gare de Marseille. Une désapprobation qui vise des propos tenus sur les réseaux sociaux par Sonia Nour, du Parti communiste à La Courneuve, qui qualifiait de "martyr" l'assassin de deux jeunes filles à la gare Saint-Charles.
Pierre Laurent est notamment revenu sur l'histoire du PCF, qui "doit se transformer" pour "rester communiste, mais autrement". Il pense aussi que l'on doit se souvenir et tirer les leçons de l'histoire de la révolution russe de 1917, alors qu'aujourd'hui, tout le monde emploie le terme de "révolution", même Emmanuel Macron...
Inventer un autre système
Le patron du PCF a aussi reconnu en creux qu'il ne se parlait plus trop avec Jean-Luc Mélenchon. Il refuse néanmoins de se poser en compétiteur de la France insoumise : "Je suis à la tête d'un parti qui a un passé mais aussi un avenir, car il faudra bien inventer un autre système que celui du capitalisme mondialisé. […] Il faut que nous changions la manière dont nous sommes perçus dans l'opinion mais le mot communiste restera."
Il revient notamment sur le dossier sur le dossier Alstom/General Electric. Pierre Laurent a affirme que le président de la République "ment aux Français" au moment où un plan social menace 345 des 800 postes du site de turbines hydroélectriques de Grenoble, et dénonce "un scandale d'Etat". Le dirigeant communiste annonce qu'il participera à une manifestation le 17 octobre avec des salariés de GE Hydro/Alstom.
Les salariés craignent d'être les sacrifiés de l'accord entre Alstom et Siemens, qui prévoit qu'Alstom vende toutes ses parts encore détenues dans les coentreprises créées avec General Electric au moment de leur mariage. Ils ont demandé vendredi 13 octobre au ministère de l’Economie de rendre publics les documents prouvant la sauvegarde de l’emploi.
"On devait avoir 1 000 emplois créés, on en a 1 000 supprimés"
Le mariage avec la branche énergie d'Alstom avait été scellé en 2014, lorsque E. Macron était ministre de l'Economie de François Hollande. "On devait avoir 1 000 emplois crées, on en a 1 000 supprimés", s'insurge Pierre Laurent. "Quand l'autre jour au Sénat, j'ai posé la question au gouvernement de savoir pourquoi ils ne voulaient pas monter au capital d'Alstom en rachetant les actions de Bouygues, le gouvernement a dit que c'était une condition exigée par Siemens. Donc, il y a des clauses cachées de l'accord Alstom-Siemens après ce qui s'est passé avec General Electric", dénonce-t-il. Bercy n'a pas utilisé son option d'achat des actions de Bouygues dans Alstom, valable jusqu'à mardi 17 octobre 2017. Le groupe communiste a demandé une commission d'enquête parlementaire.
A la fin du magazine, l'invité (e-s) politique nous expose son instantané par son "smart phone" et nous explique son choix :