CENTRE MANDAPA
Samedi 2 Février 2013
Centre Mandapa Paris 13ème à 20h
« Tagore entre mots et notes »
Une lecture des textes du poète et philosophe R. Tagore
(Prix Nobel 1913)
à travers ses écrit et les poèmes mis en musique
que lui-même a composés
L’auteur et le livre
Rabîndranâth Tadore (1861-1941, prix Nobel de littérature en 1913) fut poète, romancier, essayiste, compositeur de musique, instrumentiste et chanteur, érudit de son époque, philosophe qui s'en défend !... peintre, et au cœur de tout cela, et même au début de tout cela, il fut un homme doué d'une grande capacité d'émerveillement, qualité qui selon lui, lui permit de faire le chemin de spiritualité pour lequel il fut connu et dont toute son œuvre est empreinte : la couleur, le rythme, les tropiques, les fantômes et l'éveil, le mysticisme. Dans son livre «La religion de l'homme», écrit dans la dernière partie de sa vie et paru en 1930, il revient sur son propre chemin initiatique pour proposer au lecteur une démarche spirituelle fondée sur l'écoute et l’intuition de la simplicité, une science personnelle à l’écart des dogmes et des institutions, une religion de poète. Il revient sur sa rencontre avec les Bàuls, alors rejetés par la société indienne, sur sa connivence d'enfant avec la nature et son rejet de l'école et des religions. Il s'emporte contre les églises, le colonialisme, les mots qui servent d'excuse, la science et la machine comme finalités et prison. Il visite les époques, la Rome antique et Zarathoustra, les dinosaures, il divague comme les érudits humanistes du passé, tel Pic de la Mirandole, entre les champs de connaissance de la science, des arts et de l'histoire pour nourrir et imager son discours, parfois avec bonheur, parfois en s’y perdant. Dans un dialogue avec Albert Einstein, prégnant au long du livre, il s'amuse de ce que le développement de la science, petit à petit et à grands renforts d’énergie, ne fait que valider la perception du monde partagée par les grands mystiques de toutes religions, pour lesquels il n’est qu’illusion et que «d'autres mondes sont possibles». Cette conclusion, qui peut sembler gratuite, voire vaseuse, posée telle quelle ou pour un esprit non enclin à la spiritualité, devient déconcertante et appelle raisonnablement à un regard plus sérieux quand on constate que les théories les plus avancées de la physique, la « théorie des cordes », ou théorie des membranes et mondes parallèles, et de la médecine, avec la psychologie des profondeurs de Carl Jung, proposent une compréhension de l’univers dans des termes pour ainsi dire identiques : « D’autres mondes sont possibles, Professeur Einstein ! ».
Cyrille Andrieu-Lacu
Comédien, formé à l’art dramatique par Marcelle Tassencourt à Paris et à la British American Drama Academy (BADA) à Londres, également danseur, chanteur et metteur en scène. Il joue régulièrement au théâtre et à l’écran. Sur les planches, on a pu le voir récemment sous les traits de l’immigré italien condamné à mort Nicola Sacco, personnage principal de Sacco & Vanzetti, mis en scène par Loïc Joyez, dans le costume d’un dirigeant politique ressemblant fort à Bernard Kouchner dans Dieu venge l’innocent en silence, de Catherine Decastel, et dans celui de l’architecte gay d’Histoire d’Amour (Derniers chapitres) de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par Jean-Louis Bourel. Il joue actuellement dans Fragments de vie, d’Hassan Lakdari, créé sur la scène nationale d’écriture contemporaine du Théâtre 95 de Cergy et dans Sur la Terre du Petit Prince, théâtre-dansé créé par Arnaud Devolontat et qui a obtenu le Prix Européen du Théâtre. A l’écran, il tourna dans des séries (Reporters, Braquo, Profilage) et téléfilm (récemment dans Le pigeon, comédie Lorenzo Gabriele, aux côtés de Thierry Lhermitte et François Morel, et dans la fresque historique Paris à remonter de Xavier Lefebvre). Au cinéma, il est un homme qui se sent femme, Raffaelle, dans le film franco-américain éponyme de John Bonelli, on a pu le voir dans la comédie à succès Le nom des gens, de Michel Leclerc (2 Césars) où il est le grand-père juif-grec de Jacques Gamblin, et en ancien acteur de Georges Meliès (Ben Kingsley) dans L’invention d’Hugo Cabret de Marin Scorcese. Il enregistre régulièrement pour des fictions radio, livres-audio et narrations documentaires. Il est directeur de la Compagnie des Anges, et a fondé en 2009 le laboratoire d’improvisation dramatique et d’écriture scénaristique ACIDES. Il est actuellement en cours d’écriture scénique de son prochain spectacle.
Marika S. Lombardi
Hautboïste italienne, Marika Lombardi a étudié au CNSM de Milan où elle a obtenu les premiers prix de hautbois et de musique de chambre avec M. Possidoni. Après avoir débuté avec succès à Milan comme soliste en 1988, avec l’orchestre de Daniele Gatti, elle vint étudier à Paris dans différents conservatoires où elle obtint plusieurs premiers prix (CNR de St Maur avec M . Giboraud, ENMD de Montreuil avec M.Casier, et le Prix de la Ville de Paris avec M. Roussel). Elle se perfectionna auprès de grands maîtres tels que Pierre Pierlot, Hansjörg Schellenbergher, Maurice Bourgue, Ingo Goritzki, Lothar Koch et Sergiu Celibidache, et est lauréate de plusieurs concours internationaux de hautbois et de musique de chambre dont celui de la Fondation Cziffra et obtint un prix spécial au concours international de musique de chambre de Paris. Elle se produit régulièrement en musique de chambre et avec orchestre, en Europe et aux USA, et donne également des master-class. Elle a joué avec de grands interprètes tels que Bruno Canino, Henri Demarquette, Franck Braley, Sylvie Gazeau, Olivier Charlier. Passionnée de poésie elle a créé plusieurs récital/spectacles avec voix récitante, faisant redécouvrir le répertoire pour hautbois solo. Marika Lombardi pratique aussi l’improvisation depuis longtemps ouvrant le hautbois a des expériences hors contexte « classique ». En novembre 2012 elle a dirigé une master-class sur le répertoire pour hautbois solo et la réalisation du disque SOLO à l’Université de New York (USA).
Dernièrement elle était l’invitée de Radio 3 Suite (Rome-Italie) pour une émission entièrement dédiée à son CD SOLO qui a été diffusé aussi sur France Musique entre avril et juin 2012 dans différentes émissions comme « Horizons Chimérique » de Marc Dumont qui a beaucoup apprécié ce double CD pour hautbois solo.
Depuis 2000 elle est directrice artistique de l’Académie Internationale de Musique de Lasino, du Festival « Risonanze Armoniche » (Trento -Italie) et du Festival autour du hautbois « OBOE »de Paris.
Depuis 1992, Marika Lombardi enseigne le hautbois au Conservatoire Municipal du Centre de Paris, à l’Ecole Nationale de Musique de Pantin, et au Conservatoire de musique de Chantilly.
Elle a également enseigné à la Schola Cantorum et au CRR d’Aubervilliers pendant plusieurs années. Elle est titulaire du diplôme d’état depuis 1999 et de l’équivalence internationale du C.A. Marika Lombardi joue sur un instrument Howarth-London.
Depuis 2010 elle étudie également le hautbois baroque.
Sa discographie : “Note di passaggio”, hautbois et piano, “Duo Cantabile” chez Bottega Discantica, Milan-Italie, « Diversions autour du hautbois » chez Blumlein Records-Hambourg (Allemagne), et «SOLO» hautbois solo, chez Continuo Records-Rome (Avril 2012).
La soirée
Nous vous proposons une lecture d'extraits de cet essai qui ne fut pas pensé pour la scène mais pour l’alcôve, remanié et adapté pour l'occasion, et que nous avons souhaité enrichir de poèmes et de musiques de chants écrits et composés par Tagore lui-même, transcrits en notation occidentale et inédits en France. L'idée d'associer la redécouverte de la parole du poète mystique fasciné de science et de civilisations, à celle de sa musique sonnait d’autant plus juste que les thèmes évoqués par ces chants, inspirés de l'esprit des Bàuls, sont très proches de ceux de l'ouvrage et relatent parfois ces moments fulgurants dont il parle, quand la conscience, d’un coup s’élargit. Dans ce même esprit de découverte, et comme expérience, nous avons souhaité que ces thèmes musicaux soient exécutés au hautbois classique européen, instrument qui n'est pas conçu pour la musique indienne a priori, et développés, à certains moments de la narration, en improvisations libres. L’association de l’instrument moderne à la musique indienne apporte un relief surprenant, propice à la circulation de la parole toute indienne de Tagore. Il s’agit donc d’un dialogue que nous vous proposons, entre la musique, le récit et la poésie rythmée de ce grand non-conformiste et, à un autre niveau, entre cette philosophie tropicale du poète et l’Europe actuelle qui, asséchée dans sa modernité en crise, à présent assoiffée de sens, s’offre l’occasion d’une heure et quinze minutes de répit pour y boire quelques gorgées.