MARISA BERENSON
Marisa Berenson, star internationale et incontestablement spirituelle.
INTERVIEW EXCLUSIVE
Par Laurent Adicéam-Dixit
« Je vais être la sainte vierge ! »
Sa vie pourrait être contée, portée à l’écran tant son destin d’exception a été ponctué d’immenses bonheurs et de non moins immenses malheurs. Héritière d’un fabuleux patrimoine familial, elle est la petite nièce de Bernard Berenson, grand historien de l’art et spécialiste réputé de la renaissance italienne, de même, qu’elle est la petite fille d’Elsa Schiaparelli, grande créatrice et avant-gardiste de la mode du début du siècle. A l’âge de l’espérance, Marisa mène une carrière de top model et fait la une des magazines de la planète : Vogue, Elle, Time,... Un physique armé aux yeux « revol-verts », tantôt saturnienne tantôt solennelle, Marisa est de suite extraite de ses couvertures de papier glacé et de ses podiums monochromes pour être dirigée sur des plateaux par des maîtres de la réalisation tels que Luchino Visconti, Bob Fosse, Stanley Kubrick et Clint Eastwood ! De chefs-d’œuvre cinématographiques aux séries de télévisions internationales, elle poursuit son métier de comédienne. Souvenez- vous, on la remarquait également dans les sitcoms des années 80 comme « Madame est servie » où elle jouait une femme d’affaires française entreprenante envers l’homme à tout faire : Tony Danza alias Tony Micelli, puis aussi dans une fastueuse saga : « La griffe du destin » aux cotés de Joan Collins (Dynastie) où elle était sa directrice de mode. Et récemment dans la série à succès « Mafiosa » (canal+). Actuellement en pleine péninsule ibérique, elle tourne « Le disciple », sous la direction d’Emilio Ruiz Barrachina où elle y incarne Marie, la mère de Jésus, un rôle de composition !
A Paris pour la promotion de son livre « Moments intimes » (publié chez Calmann-Lévy) où elle retrace sa genèse, Marisa n’a pas hésité à nous ouvrir la mémoire de son âme et à nous faire partager ses souvenirs, sans grande confession littéraire mais plutôt avec une grande pudeur. Le cœur gonflé de elle ne sait trop quoi de saumâtre, Marisa revient sur la tragédie qui emportait sa sœur, Berry Berenson-Perkins (épouse d’Anthony Perkins), le 11 septembre 2001, dans le premier avion qui percutait l’une des tours du World Trade Center à New-York. Profondément altruiste, d’une croyance avérée sans qu’elle ne prône d’éternelles litanies, sans qu’elle ne donne l’illusion d’un personnage, Marisa Berenson n’est autre qu’une citoyenne du Monde militant pour la paix et une philosophe en quête du bonheur universel.
Quelques dates :
1971 Premier film « Mort à Venise » de Luchino Visconti, Palme d’or au festival de Cannes
1972 « Cabaret » de Bob Fosse, Huit oscars
1975 « Barry Lyndon » de Stanley Kubrick
1989 “Chasseur blanc, cœur noir” de Clint Eastwood
1994 Ambassadrice de bonne volonté à l’Unesco
Depuis 2001 Artiste de l’Unesco pour la paix
2009 -Parution de son autobiographie « Moments intimes » le 6 octobre
2011 « El discipulo » (Le disciple) d’Emilio Ruiz Barrachina. Elle y incarne la sainte Vierge
A propos du film :
Le journaliste, écrivain, essayiste et metteur en scène : Emilio Ruíz Barrachina a lutté depuis des mois pour, enfin, réaliser son film : « Le Disciple ». C’est l'histoire de la vie de Jésus depuis une perspective historique et scientifique avalisée par les dernières études d'universités européennes et américaines. Le film est espagnol avec une participation Nord-Américaine importante ; il sera tourné en anglais et doublé en plusieurs langues.
Plus de précisions sur le site anglo/espagnol ci-dessous :
http://www.eldiscipulofilm.com
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-Si je vous demandais de poser une question à Dieu ? Quelle serait-elle ?
M.B : Je n’en ai pas une mais des milliers à lui poser ! Je dois dire que dès que j’ai une question, je me réfère à un de mes livres de chevet, celui de Neal Walsh « Conversations avec Dieu », c’est une bénédiction ! Il pose des questions existentielles, des questions que j’aimerais poser également à Dieu comme pourquoi avons nous été créés ? Quelle est notre mission ? Avons-nous d’autres vies ? Toutes ses réponses ont un sens. Je sais que l’on n’a pas qu’une vie et qu’on a le choix d’être réincarné, personnellement, j’ai l’impression d’avoir vécu 7 ou 8 vies, c’est un fait inexplicable.
-A propos, vous avez été hindoue, vous avez survolé plusieurs religions pour ensuite devenir catholique.
M.B : Je suis catholique, née à New-York et baptisée à Paris. J’ai surtout été en quête d’une vérité unique que j’ai trouvée dans les religions et leur fondement comme l’hindouisme, le bouddhisme, le judaïsme. Il y a une énergie divine qui est là, en nous et dans tout l’univers qu’on appelle Dieu, Krishna ou encore Allah. Je crois en cette énergie et je respecte toutes les religions, je poursuis ce chemin très universel des religions. Je vais prier dans les églises, j’aime y aller quand il n’y a personne, je m’agenouille, j’allume des cierges et je ressens Dieu.
-Est-ce comme cela que vous ressentez votre amour pour le Divin ?
M.B : Je ressens son amour, cette énergie qu’il transmet et je ne peux m’en séparer. Je ressens cela partout, dans la nature, dans tous les êtres humains, même dans tout ce qu’il y a de plus abstrait. Si on ne ressentait rien on n’exprimerait et on ne partagerait absolument rien. Il faut être en osmose et comprendre qui est Dieu. Vous savez, on vient sur Terre déjà avec l’énergie, la connaissance du Créateur, nous évoluons ensuite pour construire notre vie d’humain afin de la rendre parfaite. Le but est de se rappeler ce qui nous a été donné d’originel et, arrivé à la fin de notre cycle, on se souviendra de tout notre savoir et nous retrouvons notre essence mère, l’énergie de la création qui nous a été insufflée par Dieu. Faisons honneur à la vie pour Dieu.
-Vous avez plus une vénération mystique pour vos maitres spirituels comme l’abbé Pierre, Jean-Paul II, Khalil Gibran, le père Joseph Wresinski que pour vos maitres artistiques où demeure simplement la déférence : Luchino Visconti, Bob fosse, Stanley Kubrick, Truman Capote, Alberto Giacometti. Pourquoi ?
M.B : J’ai un amour spirituel pour tous ces hommes mais je ne peux dissocier les deux dimensions, l’artistique du spirituel. Dans l’artistique, l’inspiration est divine ! Les œuvres de Visconti, de Kubrick sont sublimes. Toutes ces personnes sont habitées même si elles ne sont pas conscientes de ça. Tout est lié à Dieu. L’essence divine est partout sur cette terre et aussi en vous comme en moi.
-L’abbé Pierre et Jean-Paul II ont l’estime de votre âme dans votre « Panthéon spirituel », pourquoi ?
M.B : Ce sont des hommes de lumière, j’ai beaucoup prié avec l’abbé Pierre, il avait l’amour de Dieu, il était incarné pour moi en un homme tout ce qu’il y a de plus homme, avec ses souffrances et ses frustrations, c’est un humain qui est resté un Saint Homme. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire ces hommes, on sait avec eux qu’on est en présence de quelque chose de divin, de même pour Jean-Paul II, c’est tellement angélique ! On sent cette compréhension de l’amour et cette dévotion inconditionnelle qu’ont ces hommes. Nous ne sommes pas là par hasard, notre corps est un canal, un outil où l’énergie passe à travers nous. A nous de la diffuser, s’il le faut, avec l’aide de ces hommes.
- L’abbé Pierre disait qu’il y a deux choses essentielles dans la vie : « aimer et mourir » Et pour vous ?
M.B : C’est inévitable de mourir, l’abbé pierre me disait toujours que mourir c’était les grandes vacances car c’est là qu’il allait retrouver son père, la paix, la lumière et l’amour inconditionnel. Je comprends parfaitement bien ce qu’il voulait me dire. Il attendait de mourir avec impatience. Il disait que c’était l’enfer sur terre qu’il était de notre fait comme pour Dante et sa descente aux enfers.
-Qu’aimeriez-vous comme épitaphe ?
M.B : « J’ai vraiment essayé »,
« J’ai vraiment essayé d’être quelqu’un de bien…. »
-Avez-vous peur de vieillir, de la mort ?
M.B : Non, je crois à une autre vie dimensionnelle après la mort mais j’aimerais arriver au stade de ma mort prête, vraiment sereine. Parce que je trouve que la vieillesse est cruelle, dès qu’on n’a plus la santé, le moyen de se déplacer et qu’on ne peut plus contrôler sa vie, c’est un calvaire d’attendre jusqu’à la fin. Je prie pour que cela ne m’arrive pas.
-Il y a beaucoup de saints hommes autour de vous mais que faites vous des saintes femmes ? Mère Theresa ? Sœur Emmanuelle ?
M.B : Elles sont toutes les deux merveilleuses, il n’y a pas eu de destin établi pour les rencontrer, mais je les adore. Sœur Emmanuelle avait beaucoup d’humour pour faire passer ses messages, comme Jésus en avait face aux pharisiens, quant à mère Theresa,…Elle est unique ! Pour revenir aux hommes saints, j’ai rencontré le Dalaï Lama très brièvement, mais j’aimerais avoir une vraie rencontre avec lui, après tout, il a aussi une mission sur cette Terre.
-Que sont les anges pour vous ?
M.B : Ce sont des amis, des protecteurs, des entités célestes, mais il y en a des dangereux aussi. Il faut savoir s’entourer et savoir comment se protéger, il faut rester dans la lumière et ne pas sombrer dans l’obscur. Il faut constamment faire appel à eux, je m’en remets à eux, ils me guident et je trouve la réponse à mon problème, même par un signe.
-Quel est votre saint favori ?
M.B : Saint Antoine est notre saint fétiche, notre chalet en Suisse s’appelait Saint Antoine. J’adore sœur Thérèse, le nom de baptême de ma fille est Thérèse. J’adore aussi sainte Rita et saint Jude, pour les causes désespérées. Prions les saints !
-Auriez-vous pu être religieuse ?
M.B : Oui, absolument, j’y ai souvent pensé. A un moment de ma vie, j’ai eu un grand tiraillement entre une vie religieuse et le fait de pouvoir devenir une personne spirituelle. J’ai été jetée dans un monde qui est un peu le contraire de tout ça. J’aurai très bien pu vivre dans un couvent, être là pour Dieu, prier pour la paix dans le monde. Peut-être que ma vie aurait été plus facile dans un couvent…
-Vous allez jouer dans le film d’Emilio Ruiz Barrachina « Le disciple », Vous avez un des rôles qui n’est pas des plus anodins.
M.B : Je vais être la sainte vierge ! J’aimela Vierge Marie, je crois en elle, et cela m’apporte beaucoup pour finalement moins appréhender le rôle.
- Avez-vous peur d’incarner ce rôle ?
M.B : Au début, j’ai pensé que c’était un rôle difficile, c’est quand même une lourde responsabilité de jouer un personnage biblique,la Vierge Marie, ce n’est pas rien ! Etant petite, j’ai été élevée avec l’image d’une vierge intouchable, pure et sainte ! C’est de l’ordre du mysticisme, peut-on y toucher ? Est-ce du Blasphème ? En tout état de cause, je suis très honorée du choix et j’ai hâte d’interpréter ce rôle.
-Parlez-moi de votre rôle.
M.B : Je vais interpréter le rôle d’une mère juive qui souffre à cause de la destinée de son fils et qui est en désaccord avec lui, car elle sait que son fils va droit vers la mort tout comme elle a vu son mari se faire tuer par les romains. Sa vie retracée est authentique. Le réalisateur a beaucoup étudié la question pendant 15 années, il s’est entouré de spécialistes. Le résultat est tout à fait pragmatique. De mon côte, j’ai parlé à des prêtres pour ce rôle, pour être conseillée.
-Etes-vous arrivée à une résilience après l’attentat du 11 septembre 2001 qui a causé, entre autres, la mort de votre sœur Berinthia dite "Berry" qui se trouvait dans le premier avion qui a percuté l’une des tours?
M.B : Ma résilience et ma foi, je me suis réfugiée dans ma foi. Pour moi, ma sœur n’est pas morte, elle est partie dans une autre dimension, dans la lumière. Je me suis connectée tout de suite avec elle. J’avais besoin de savoir qu’elle allait bien, cela me rassurait et me donnait la force de continuer. Heureusement, Dieu est ma raison d’être.
-Peut-on imaginer une pareille mort ?
M.B : C’est une mort terrible. Mais je n’ai pas de réponse à ce drame. C’est tellement mystérieux.
-Voilà une des questions que vous pourriez poser à Dieu ?
M.B : Si je devais lui demander une chose ce serait, pourquoi elle ? Vous savez, je n’ai éprouvé aucune colère au grand étonnement de mes amis. Le pardon s’est installé grâce à ma foi, mais je ne comprends pas une telle tragédie, j’ai eu énormément de souffrance. Elle me manquait, je ne la sentais plus, je ne pouvais plus la toucher, lui téléphoner. Sa grâce m’a aidé à prendre le dessus. Sa bague quasi intacte a été retrouvée dans les déblayements. C’est un signe de sa part pour me dire qu’elle veille sur nous. Le 11 septembre… Je quittais Paris pour New-York dont le vol portait le numéro 911, ma sœur prenait le même jour un avion de Boston pour Los Angeles dont le vol portait le numéro 11.9, juste l’inverse du mien ! Cette précision m’a longtemps troublée. Dans la numérologie, le 11 est mon numéro, c’est un nombre difficile car il faut que les deux « 1 » soient en parfaite osmose et parviennent à être maîtres d’eux-mêmes. Comme le yin et le yang, il faut un parfait équilibre sinon c’est le chaos.
-Femme pieuse, Artiste pour la paix, êtes-vous vous toujours idéaliste ?
M.B : Je suis très idéaliste, je suis optimiste, je veux croire au meilleur ! Je veux qu’il y ait une possibilité de s’en sortir. On se fait tous un idéal dans la vie.