LE SOUFFLE DES DIEUX
UN VOYAGE VERS LES ORIGINES DU YOGA MODERNE
SORTIE LE 19 MARS 2014
Synopsis
Le yoga moderne, celui qui est pratiqué quotidiennement par des dizaines de millions de personnes à travers le monde, descend directement du dieu Shiva selon la tradition indienne. Historiquement cependant, une des formes modernes du yoga remonterai au début du vingtième siècle sous l'inspiration d'un érudit indien T. Krishnamacharya (1890-1989).
C'est cette histoire beaucoup moins connue que raconte ce film. Nous découvrons ici la vie et les enseignements de Krishnamacharya à travers les yeux du réalisateur Jan Schmidt-Garre, parti en quête des origines du courant de yoga le plus pratiqué au monde. Son voyage le mène à de célèbres étudiants et parents de Krishnamacharya à la source du yoga moderne, le palais du Maharaja de Mysore. Il y découvre les différents styles et méthodes d'enseignement des maîtres yogis.
Ce documentaire et composé tout à la fois d'images d'archives très rares et de magnifiques reconstitutions.
ENTRETIEN AVEC LE REALISATEUR : JAN SCHMIDT-GARRE
Pour la plupart des gens, vos films précédents avaient pour sujet les arts du spectacle – l’opéra, le théâtre, la danse. Qu’est-ce qui vous intéresse dans le yoga ?
Ce n’est pas si différent. Le processus artistique est toujours au coeur de mes films, qu’il s’agisse de documentaires ou de fictions. Comment l’art se produit-il ? Comment un matériau banal comme le son ou les silhouettes se transforme-t-il pour atteindre une qualité spirituelle ? Je me suis posé la même question à propos du yoga. Le corps est le matériau qui devient miraculeusement une matière spirituelle.
Comme pour la danse ?
Une séquence de yoga peut ressembler à de la danse quand elle est menée avec la respiration et la concentration adéquates, comme je l’ai appris au cours du tournage.
Et à l’intérieur ?
Quand je pratique le yoga avec la bonne respiration, je ressens une fusion unique entre mon corps et mon esprit. Mon corps devient spirituel, et mon esprit devient physique. C’est quelque chose que j’ai découvert avec le yoga. Pour moi, c’est cela qui le différencie de toutes les autres activités physiques. Enfin, presque toutes : avec le sexe aussi, on peut parfois faire cette expérience … (rires).
Je vous soupçonne d’avoir fait ce film pour avoir l’opportunité de suivre les enseignements de grands maîtres du yoga.
C’est vrai dans une certaine mesure. Pour moi, il était important de montrer de grands maîtres en pleine action, pas juste en train de répondre à des questions. Je devais donc trouver un moyen de les amener à enseigner. Je ne mourais pas d’envie d’être devant la caméra, mais je préférais montrer quelqu’un dont on n’attendait pas qu’il réussisse ces séquences, comme moi-même, plutôt qu’un étudiant de 25 ans naturellement agile. L’idée était de montrer que le yoga est fait pour tout le monde.
Le voyage en Inde est un classique parmi les chercheurs et artistes occidentaux. C’était votre tour ?
J’ai toujours voulu visiter l’Inde – à l’origine, je devais y aller pour ma lune de miel. Après, j’ai découvert les films indiens, et en particulier la Trilogie d’Apu de Satyajit Ray. Ma fascination pour l’Inde n’a jamais cessé depuis.
Qu’est-ce qui vous fascine exactement ?
Le monde tel qu’on le voit dans mon film : l’Orient au début du 20ème siècle. Je n’ai jamais été intéressé par les images de l’Inde des années 1960/1970 – l’Inde des Beatles. Ca n’apparaît donc pas dans mon film : Ce que j’ai trouvé passionnant, en revanche, c’est l’engouement pour l’Inde au tournant du siècle les fakirs assis sur des lits de serpents. C’est le monde que j’ai retrouvé dans les photos de Krishnamacharya.
Votre film montre l’Inde des années 1930. Le yoga n’est-il pas beaucoup plus ancien que cela ?
Si, bien sûr, c’est une pratique très ancienne. Seulement, on sait très peu ce qu’était la pratique physique du yoga avant le 20ème siècle. La tradition philosophique est très bien documentée, la pratique presque pas. C’est dû au fait que le yoga physique, à la fin du 19ème siècle, quand l’Occident a commencé à en entendre parler, était considéré comme des acrobaties pratiquées par des escrocs faisant la manche. C’est Krishnamacharya qui a réhabilité la partie physique du yoga dans les années 1930.
C’est lui qui a donné au yoga sa nouvelle forme, celle qui est devenue si populaire et qui a mené à l’explosion actuelle du yoga. Ceci nous mène au paradoxe d’une pratique vieille de plusieurs milliers d’années formée récemment par un seul homme.
Comment, en tant que réalisateur occidental, approche-t-on cette culture étrangère ?
En abordant le sujet de la distance culturelle. Depuis le début, il était clair pour moi que je devais éviter une immersion naïve dans ce fascinant monde oriental et m’écarter des images bateau qui attirent l’oeil de tout étranger (et de tout cinéaste). C’est peut-être plus facile à expliquer avec l’exemple de la musique : je trouve toujours présomptueux et embarrassant que des films traitant de cultures étrangères utilisent la musique de ces cultures. En tant qu’Occidental, c’est une musique que je ne connais que très peu et que je vais donc nécessairement mal utiliser. Je suis en revanche familier avec la musique de ma propre culture, c’est pourquoi je l’applique à ce voyage, comme ma propre voix. J’utilise des musiques au piano des années 1920 et 1930, exprimant la nostalgie occidentale de l’Orient qui existait à l’époque, en utilisant des motifs orientaux avec une technique occidentale. C’est ce que je fais en tant que réalisateur.
Donc, en tant que réalisateur, vous rêvez de l’Orient ?
J’ouvre une fenêtre de ma culture sur la culture indienne. C’est ce que chaque réalisateur essaie de faire quand il a vu quelque chose de fascinant. Comme le dit George McDonald : « Un poète est un homme qui est ébloui par quelque chose, et qui essaie d’éblouir tout le monde à propos de cette même chose ». On documente quelque chose pour partager son expérience avec les autres ; seulement, beaucoup de réalisateurs pensent que ceci se fait simplement en montrant des images exotiques au public. Pour le réalisateur, ces images contiennent son expérience de l’Orient, mais pas pour le public. Il leur manque les odeurs, l’atmosphère, les expériences avant et après le tournage. Pour transmettre cette impression de façon à ce que le public ressente l’expérience du réalisateur avec le même degré d’intensité, le réalisateur doit construire cette impression.
Et comment cela se passe-t-il ?
Cela se passe lors du montage. Pour qu’une image déploie sa puissance originelle, je dois créer le contexte approprié. Shubha, la fille cadette de Krishnamacharya, nous a fait une démonstration de sa pratique personnelle du yoga. Quand nous y avons assisté, c’était intense et d’une grande beauté. Cette simple démonstration était pour moi l’essence du yoga, et je savais en la filmant qu’il s’agirait d’un des moments phares du film. Quand j’ai travaillé la séquence de retour chez moi, la magie du moment semblait avoir disparu. C’est seulement à la fin du travail de montage, quand j’étais sur le point d’abandonner la scène, que j’ai trouvé le bon endroit où la mettre. A présent, ça marchait !
Ce qui me semble fascinant à propos du yoga, c’est qu’après tous les espoirs que nous avons placés dans les machines dans les années 1990, on se retrouve soudain avec une activité qui ne requiert aucun équipement particulier.
C’est vrai que le peu d’équipement que le yoga requiert est fascinant. Un tapis de yoga mesure 2 mètres de long et 60 centimètres de large ; sur ce tapis, tout est possible. Avant, les adeptes du tapis de yoga m’énervaient, avec leurs « Je déroule juste mon tapis de yoga et tout est parfait ». Depuis, j’ai compris que c’est la réalité : quand on monte sur son tapis de yoga, on entre dans un monde à l’intérieur du monde. Tout ce que vous voyez dans mon film, comme tout ce qui est se fait dans le yoga en général, peut se passer sur ce tapis.
CRITIQUES
« M. Schmidt-Garre dont les précédents films étaient pour la plupart consacrés aux arts vivants, a voyagé en Inde en quête des origines du yoga moderne. Il y a trouvé de véritables êtres humains (et des dieux) et une pratique capable d’avoir du recul sur elle-même. Cette seule raison suffit pour les prendre très aux sérieux. Nous y apprenons que le yoga est autant un cirque qu’un service religieux, ou que l’art de se tenir sur sa tête et de voir le monde dans le bon sens. Un film magnifique. »
Claudius Seidl, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung
« Une approche complexe de Krishnamacharya, de sa vie et de sa philosophie spirituelle, captivante par son effort de compréhension et son montage astucieux. Au-delà du yoga, le film trace le portrait d’une Inde moderne aux multiples facettes et aux multiples nuances. »
Wolfgang Hamdorf, Filmdienst
« M. Schmidt-Garre dresse le portrait de Krishnamacharya qui a presque atteint 100 ans et a influencé tous les styles de yoga actuellement connus, à l’aide d’un réseau de divers moyens cinématographiques : il a découvert d’impressionnantes images d’archives des années trente montrant Krishnamacharya pratiquant ses asanas, ses positions – un jeune homme ascétique dont le contrôle sur son corps confine à la magie. Il mène de nombreuses interviews des fils et filles de Krinamacharya et de ses élèves les plus importants : Iyengar et Pattabhi Jois – ce dernier, à 90 ans passés, est d’ailleurs décédé lors du tournage. De façon intermittente, il se fait filmer lors de ses propres leçons, luttant avec la posture sur la tête sous les ordres incessants du vieux Iyengar. L’une des meilleures séquences du film est celle où M. Schmidt-Garre rejoue l’Inde historique, les charmeurs de serpents et autres, incluant des scènes de la cour de Krishnaraja Wodeyar IV. »
Susanne Hermanski, Süddeutsche Zeitung
« Avec son approche subjective, M. Schmidt-Garre présente de façon intelligente la pluralité d’opinions et de matériaux. Lors de son voyage à travers l’Inde, le réalisateur, originaire de Munich, rencontre de vieux gourous du yoga et leurs disciples. Il évite tous les clichés liés à l’Inde, sans céder dans son portrait aux attentes européennes. Krishnamacharya, le « père du yoga » des années 1920, que l’on voit pratiquer ses asanas sur des images d’archives, serait ravi de ce film à la fois détaillé et précis. »
Müncher Merkur
« Le réalisateur Jan Schmidt-Garre entremêle de magnifiques images en noir et blanc de démonstrations de yoga de Krishnamacharya avec des contorsions extrêmement acrobatiques effectuées pour le plaisir de son sponsor athlétique, le Maharaja. A l’aide d’images impressionnantes et d’interviews de Pattabhi Jois et Iyengar, M. Schmidt-Garre montre comme l’enseignement de Krishnamacharya a évolué et comment les différentes écoles ont vu le jour. »
Neue Presse Hannover,
« Les images tressaillantes en noir et blanc des yogis à moitiés nus sont bien sûr fascinantes. Mais ce qui est le plus sensationnel, c’est le fait que M. Schmidt-Garre ait réussi à rencontrer les protagonistes présents sur ces vieilles images. Entendre parler ces maîtres légendaires dissipe tous les préjugés. Etirer tout son corps jusqu’au petit orteil – ce qui peut sembler ésotérique dans les lofts de yoga de Berlin – semble tout à fait concret dans la bouche de B.K.S. Iyengar. Toutefois, quand celui-ci dit qu’au moment où vous avez un parfait contrôle mental, vous devenez saint, lui-même ne peut s’empêcher de rire. »
Philip Bühler, Berliner Zeintung,
« Malgré son intérêt dans les méthodes et l’évolution du yoga, ce film – contrairement à beaucoup d’autres – n’est pas une quête de sens dépourvue de distance critique. M. Schmidt-Garre se demande si le yoga est une tradition ancienne ou une invention moderne et nous laisse voir que la compétitivité n’est pas étrangère aux grands maîtres. »
Stuttgarter Zeitung
« Le réalisateur Jan Schmidt-Garre a trouvé un trésor par son travail. Déjà, parce que lui-même explore le yoga avec ses moyens, en tant que réalisateur et élève apprenant le yoga. C’est vraiment touchant de le voir pratiquer le salut au soleil avec toute la concentration dont il est capable, sous les ordres du vénérable Pattabhi Jois. Grâce à ce superbe tour de passe passe, il attire son public – débutants comme yogis expérimentés – sur le tapis de yoga et dans son voyage. Ancien diplômé de philosophie, il a travaillé durant cinq ans à ce projet de film produit en Inde, et dont les 104 minutes sont un pur bonheur. »
Stefaine Wilkes, Spirit Yoga
« Les scènes de reconstitution, accompagnées de musique classique, rappellent les films muets des années 1920. Le réalisateur a recours à des oeuvres de la période du romantisme tardif,
comme par exemple l’aria « Chanson du marchand hindou », extraite de l’opéra Sadko de Rimski-Korsakow (1898), ce qui produit d’abord un aspect aliénant. En Occident, nous associons la musique indienne avec des sons de Sitar. Mais cette musique du romantisme tardif amène à la vie ce désir occidental pour l’exotisme indien. De cette façon, M. Schmidt-Garre aborde la distance entre un phénomène de la culture indienne et sa propre perspective sur le sujet. »
Annette Han, Kunst + Film, 01/01/2012
… et un témoignage
« Le titre seul est… C’est fou comme tu as réussi à transposer sur grand écran ce sujet de façon tellement contemporaine, sans effort et détendu. Des images à couper le souffle, l’Inde telle qu’elle a été et telle qu’elle est actuellement, tout est vivant. C’est un document historique à propos d’un mouvement gigantesque, et tu l’as fait juste au bon moment. Merci pour cette contribution de taille à ma passion, le yoga. »
Angelika Taschen, éditrice
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Filmer l’Orient / en Orient
« Je ne veux vraiment pas que le film soit une vue eurocentrée à propos d’un phénomène culturel indien. Et je ne veux pas non plus, aussi familier que je sois avec le point de vue indien, brouiller les différences et me noyer dans les vibrations d’une sitar d’une culture dans laquelle je n’ai pas été élevé et que je ne comprends pas totalement. Non, je veux y aller en observant et en écoutant attentivement, en considérant et en sélectionnant et en arrangeant et en me concentrant et en intensifiant. En gardant toujours en tête les différences culturelles et en en tirant partie. On peut apprendre beaucoup de Louis Malle, dont tu m’as parlé des films indiens. Ou de l’histoire que je t’ai racontée à propos du compositeur indien Kaikhosru Sorabji, qui a grandi en Angleterre, un intellectuel homosexuel snob, qui a écrit une adaptation pour piano de « Chanson du marchand hindou » de Rimsky-Korsakov, extraite de son opéra Sadko, une pièce russe orientaliste de la fin du siècle. C’est ce genre de mélanges culturels qui m’intéresse, qui me force à ignorer tous les clichés liés à l’Inde. Et pourtant, je suis le plus heureux des hommes quand je trouve quelque chose qui se justifie. Lors de notre première prise, Pattabhi Jois nous amène sur les lieux de l’ancienne école de yoga de Mysore, qui a été détruite depuis. Juste quand on arrive là-bas, un groupe d’enfants de l’école primaire en uniformes était en train de pratiquer des exercices simples de yoga avec son professeur. Une scène à l’atmosphère charmante – exotique et réelle même s’il avait pu s’agir d’un clip pour le Ministère Indien du Tourisme. Mais avec Pattabhi Jois se rendant là-bas pour retrouver son ancienne école de yoga, c’est juste parfait dans le film… »
Extrait d’une lettre du réalisateur à un ami indien
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Stéphane Ribola / Relations Presse
Le Souffle des Dieux - Film Annonce Français // Officiel HD