PADMAVATI INTERVIEW SANJAY LEELA BHANSALI
Le réalisateur de Devdas fait le point sur Bollywood / PARISCOPE / PREMIERE.FR
Sanjay Leela Bhansali, le réalisateur de Devdas, est en France pour la mise en scène de l’opéra-ballet Padmâvati d’Albert Roussel, tiré d’une célèbre légende indienne. Entretien avec le maître de Bollywood, qui rejette les clichés et les amalgames trop faciles qui gravitent autour du cinéma indien.
Par Laurent Adicéam-Dixit
Retrouvez Padmâvatî, mis en scène par Sanjay Leela Bhansali au théâtre du Châtelet en mars 2008
Comment en êtes-vous venu à la mise en scène de cet opéra-ballet au Châtelet ? Allez-vous en faire un spectacle façon Bollywood comme nous l’appelons ici ?
Sanjay Leela Bhansali : J’ai toujours voulu faire du théâtre quel qu’en soit sa forme. Après avoir achevé les tournages de Devdas et de Black , j’ai reçu une offre du Châtelet pour faire la mise en scène d’un opéra à Paris. L’envergure du projet me plaisait et pour moi, c’était un autre défi à relever. L’idée était bonne, mais je ne savais pas comment j’allais faire et comment je devais faire. Je suis venu à Paris et l’équipe du Châtelet m’a présenté le projet. Ils m’ont dit que c’était un opéra-ballet adapté d’une légende indienne Padmâvatî. L’idée est excellente et enrichissante, car c’est la première fois, que l’on pourra combiner un opéra classique aux sonorités occidentales avec une scène aux couleurs d’une Inde très orientale. Et malgré ces deux pôles qui ne sont pas corrélatifs, ces deux cultures fusionnent parfaitement.
Le mot « Bollywood » est vendeur, qu’est-ce qu’il représente pour vous?
Sanjay Leela Bhansali : Je n’ai pas vraiment de définition à vous donner… C’est le cinéma populaire en Inde qui est devenu « Bollywood », avec tout ce qu’il implique comme les chansons, les danses, ses codes, etc. C’est un mot devenu perméable au public qui le colle à tous les genres sans faire de tri distinct. Le cinéma indien possède des trésors, des styles bien meilleurs que le format dit « Bollywood ». Mais notre cinéma populaire est unique, dans toute son essence indienne, il est inhérent dans la vie des Indiens et je milite pour celui-ci avec ferveur, sans oublier les autres genres. D’ailleurs, Black que j’ai réalisé est d’un autre format, et maintenant je mets en scène Padmâvatî.
Vous prêteriez-vous à un petit jeu … pour obtenir votre visa à Bollywood. Si vous étiez un acteur, lequel seriez-vous ?
Sanjay Leela Bhansali : (Tout amusé) …Euh… Dilip Kumar (l'un des plus grands acteurs du cinéma indien fin des années 40 jusqu'aux années 80)
Si vous étiez une actrice, quelle actrice seriez-vous ?
Sanjay Leela Bhansali : (Très amusé) …Madhubala, même si je n’ai pas envie de devenir une actrice, mais puisque vous me le demandez.
(Actrice dont sa beauté surpassait le talent, remarquée pour sa prestation dans "Mughal E-Azam" de Kamuddin Asif 1960)
Si vous étiez un film, quel film seriez-vous ?
Sanjay Leela Bhansali : Mughal E-Azam (Film culte du cinéma indien dit "Bollywood" dans les années 60)
Si vous étiez une chanson, quelle chanson seriez-vous ?
Sanjay Leela Bhansali : « Allah Tero Naam Eeshwar Tero Naam du film « Hum Dono » (1961)
(Traduction "Ton nom est Allah, ton nom est Eeshwar")
Si vous étiez un autre réalisateur?
Sanjay Leela Bhansali : (De plus en plus amusé) … Martin Scorsese